Chine : L'espérance de vie diminue de 5 ans 1/2 dans le nord à cause d'une pollution datant de 1950
Le magazine américain PNAS, spécialisé sur les recherches scientifiques vient de révéler un problème alarmant touchant près de la moitié de la population habitant en Chine.
Les conclusions d'un article sur l'impact de l'exposition prolongée à la pollution atmosphérique sur l'espérance de vie, suggèrent qu' « une politique chinoise arbitraire, participant à l'augmentation considérable des particules totales en suspension (TSP) de pollution, est à l'origine d'une perte de 2,5 milliards d'années d'espérance de vie pour 500 millions d'habitants du nord de la Chine ».
Selon les chercheurs Yuyu Chena, Avraham Ebenstein, Michael Greenstonec, et Hongbin Lie, à l'origine de cet article, l'origine de cette pollution massive vient de « l'approche empirique, quasi-expérimentale, basée sur la politique de la rivière Huai en Chine, qui fourni gratuitement du charbon de chauffage en hiver pour les chaudières des villes nord de la rivière Huai. » Cette pratique qui semblait louable à l'époque, a commencé en 1950, lors de la période de planification économique centralisée.
Cette politique, qui avait délaissé le sud de la Chine en raison des froids hivernaux moins rigoureux, serait donc à l'origine d'une pollution 55% supérieure dans le nord du pays et d'une réduction de l'espérance de vie de 5 ans 1/2 pour les habitants de cette région.
Michael Greenstonec, professeur et auteur de cette recherche ajoute que cette pollution est à l'origine d'une hausse des décès liés à des maladies cardio-respiratoires et a contribué pour 1,2 millions de décès prématurés en 2010 en Chine (soit près de 40% du total mondial). Toujours selon le professeur, d'autres études ont montré que des problèmes de santé à court terme pouvaient commencer chez les bébés in utero. « Cette étude suggère que les dommages à long terme de la pollution du charbon pourrait être pire que nous le pension », a-t-il dit.
Les auteurs ont également été en mesure d'obtenir une estimation plus précise de l'impact de la pollution particulaire. Chaque palier supplémentaire de 100 microgrammes par mètre cube de particules totales en suspension est associé à une baisse de l'espérance de vie d'environ trois ans. (En 2001, les niveaux de particules à travers la Chine atteignaient environ 400 μg/m3). Le nombre de particules relevées dans le nord est actuellement de 184 microgrammes par mètre cube plus élevées que dans le sud.
Les chercheurs savent depuis longtemps que les particules fines libérées lors de la combustion du charbon peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. Mais il avait toujours été difficile de mesurer les effets exacts de la pollution particulaire. La séparation géographique de l'application de la politique sur le charbon gratuit a donné aux chercheurs un moyen d'isoler les effets de la pollution de l'air. Ils ont ensuite analysé les données officielles sur la qualité de l'air et la santé entre 1981 et 2000.
À l'heure actuelle, la Chine consomme actuellement presque autant de charbon que le reste du monde combiné et ses fonctionnaires ont longtemps maintenu que le charbon est absolument nécessaire à la croissance économique du pays. Mais une estimation plus précise de l'impact sur la santé causé par la pollution de l'air pourrait aider les régulateurs chinois à agir en conséquence.
Interdire les chaudières à charbon pourrait ainsi réduire de façon considérable la pollution, mais ceci a un prix. Dans les pays en développement, il existe souvent un compromis non évident, entre l'augmentation des revenus et la protection de la santé publique et la qualité de l'environnement.
Cette année, de nombreux Chinois ont exprimé par le biais des réseaux sociaux, leur colère et leur frustration par rapport à la flambée de la pollution atmosphérique, en particulier dans le nord, qui, en janvier de cette année atteignait des niveaux records. Et ces derniers mois, de nombreux étrangers expatriés ainsi que des Chinois de classe moyenne ou supérieure ayant des enfants ont cherché à quitter le pays plutôt que de tolérer des risques sanitaires.
La Rédaction