La compétitivité est la meilleure protection pour les industries
Alors que l'Union européenne (UE) s'interroge sur l'opportunité d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques chinois, il est souhaitable qu'elle garde à l'esprit que la compétitivité, plutôt que le protectionnisme, constitue le bouclier le plus solide pour toute industrie.
Face à une forte concurrence extérieure, la tentation de prendre des mesures pour protéger les industries locales est toujours forte. Toutefois, si ces mesures de protection peuvent apporter un soulagement à court terme, elles finissent par entraver la croissance et l'innovation à long terme.
L'ouverture par la Commission européenne d'une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois en octobre dernier a pris l'industrie automobile européenne au dépourvu. Les géants allemands de l'automobile, dont Volkswagen et BMW, estiment qu'ils ne peuvent qu'améliorer leur compétitivité dans un marché pleinement concurrentiel et qu'ils n'ont pas besoin de telles mesures de protection pour défendre leur marché.
Dans une récente interview accordée au média allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, le PDG de BMW, Oliver Zipse, a déclaré que le fait de proposer des restrictions sur les VE témoignait d'un manque de vision, car cela risquait d'entraîner des contre-mesures de la part du partenaire commercial, ce qui rendrait plus difficile la disponibilité des matières premières essentielles pour les VE européens.
M. Zipse n'est pas le seul à s'opposer à l'augmentation possible des droits de douane. Hildegard Müller, présidente de l'Association allemande de l'industrie automobile, a récemment déclaré à Xinhua que "l'instauration de nouveaux droits de douane et le glissement vers un protectionnisme mutuel n'étaient pas la bonne voie".
La compétitivité ne peut être acquise que par la concurrence. L'Europe est un centre de production automobile majeur et traditionnellement mondial, avec des marques, des talents et des technologies de pointe. Plutôt que de recourir au protectionnisme, l'UE devrait rester ouverte et confiante pour créer un environnement de concurrence équitable afin d'améliorer sa compétitivité industrielle.
Après des années de développement, les entreprises chinoises et européennes ont cultivé une relation de soutien mutuel. Les entreprises automobiles européennes investissent et opèrent depuis longtemps en Chine, le marché chinois devenant le plus grand marché étranger pour de nombreux constructeurs automobiles européens.
Il convient de noter que l'industrie chinoise des véhicules électriques bénéficie d'un partenariat solide avec les réseaux automobiles européens et mondiaux. Selon la Chambre de commerce chinoise auprès de l'UE, la création de chaque véhicule électrique implique la collaboration de dizaines de milliers de fournisseurs du monde entier.
En outre, si l'on se fie à l'histoire, la concurrence n'a jamais dominé les relations entre la Chine et l'UE. L'essence de la coopération Chine-UE est le bénéfice mutuel, et non un jeu à somme nulle.
La coopération récente dans le secteur des véhicules électriques a apporté des avantages significatifs aux deux parties. BYD construit sa première usine de voitures particulières en Europe, en Hongrie, ce qui favorisera la transformation écologique locale et créera des milliers d'emplois. L'entreprise chinoise de VE NIO a établi un centre de conception mondial à Munich et a ouvert son centre technologique de conduite intelligente près de Berlin. Volkswagen construit son plus grand centre de recherche et de développement en dehors de l'Allemagne à Hefei, en Chine. Cette collaboration a donné une forte impulsion au développement durable des deux économies.
L'UE a elle-même été victime du protectionnisme. La loi américaine sur la réduction de l'inflation a suscité une vive opposition en Europe, beaucoup la considérant comme un coup de poignard dans le dos de la part de Washington. Dans ce contexte, l'UE devrait reconnaître les risques du protectionnisme et, au contraire, donner la priorité à la promotion d'un marché ouvert et compétitif.
Ce faisant, elle pourra non seulement protéger ses industries, mais aussi promouvoir la collaboration et l'innovation au niveau mondial, qui sont essentielles pour relever les défis du changement climatique et parvenir à un développement durable.