Ce soir sur France 5 : "Made In China"
La Chine s'éveille. Les produits made in China affluent sur le marché mondial. Quelle est l'armée de réserve oeuvrant pour cette économie en pleine expansion ? Celle des migrants : les mingong, une main-d'oeuvre paysanne inépuisable et bon marché. Regard sur la réalité de ces ombres chinoises qui participent au nouveau grand bond en avant du pays.
"En Chine, il n'y a pas de “miracle économique”. Pour faire tourner l'atelier du monde, 140 millions de paysans ont quitté leur village et leur famille"… Ainsi en est-il de ce pays en pleine expansion.
Made in China, c'est l'histoire de toutes ces usines "alimentées" par des ouvriers-paysans, les mingong : une main-d'oeuvre venue de la campagne et qui forme depuis le milieu des années 90 une population disponible, corvéable, engagée en masse sur les chantiers et dans les usines, des individus déracinés qui contribuent aujourd'hui à l'expansion d'un pays en marche.
C'est aussi l'histoire de ce couple, Zhao et sa femme Fan, employé dans une société de textiles de bain dans la zone industrielle de Cixi, au sud de Shanghai. "Fabriquons des articles de bain de qualité et lançons-nous avec ardeur à la conquête du marché", peut-on lire sur les murs de l’une de ces usines du monde soutenant une "économie socialiste de marché".
Fan et Zhao ont quitté leur village il y a déjà dix-huit mois, y ont laissé leurs enfants, un garçon et une fille, aux soins des grands-parents. Tous deux travaillent de huit à douze heures, sept jours sur sept, dans l'une de ces nombreuses entreprises de l’empire du Milieu, qui poursuit son irrésistible montée en puissance et exporte ses produits aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest.
"La main-d'oeuvre est abondante dans la région. Comme la Chine est un pays surpeuplé et qu'il n'y a pas assez de terre pour tous, en absorbant cette main-d'oeuvre d'ouvriers-paysans, nous rendons service à notre pays", explique le patron d'une société de 450 employés.
Nombreux sont donc ceux qui triment sans relâche, travaillent et dorment sur place, car comme le déclare l'un des ouvriers : "Je trouve plus pratique d'habiter dans le dortoir : t'es tout de suite au travail."
Mais Zhao et Fan ont au moins réussi à obtenir un appartement. Ils ont économisé et décidé de retrouver les leurs après des mois de séparation. Après quarante-huit heures et 2 300 kilomètres de routes, de montagnes, de campagnes, en voiture, en train et en car… le couple, les larmes aux yeux, parvient enfin au village pour passer les fêtes du nouvel an et revoir ses enfants. L'émotion est à son comble. Quelques jours où se mêlent des instants de bonheur partagé avec les amis, la famille, la terre si chère, et de profonde tristesse au moment de partir.
Il y a ceux qui restent, ceux qui s'en vont en voulant revenir et ces espoirs baignés d'une énorme tendresse exprimée par un grand-père exténué : "Notre problème à nous, les paysans, c’est qu'on en est encore au niveau de la survie. Moi, j'espère avant tout que mes petits-enfants feront des études et changeront leur destin."
Françoise Jallot
Première diffusion : mardi 20 mars 2007 à 20:40 (câble, satellite et TNT).
Durée : 52'
Réalisation : Jean-Yves Cauchard et Mathias Lavergne
Production : France 5 / Hikari Productions
Année : 2006