Le directeur de la rédaction du WSJ juge le sommet de Beijing "très utile" pour les médias du monde (INTERVIEW)
Le Sommet mondial des médias à Beijing est "très utile" pour aider les médias du monde à mieux relever les défis du temps, a déclaré le directeur de la rédaction du Wall Street Journal (WSJ), Robert Thomson, dans une interview récente à Xinhua.
"Je pense que c'est très utile, lorsque nous pouvons nous réunir dans un environnement où des opinions sincères peuvent être échangées, où nous pouvons réfléchir différentes circonstances commerciales", a dit M. Thomson.
"C'est un temps de défis pour les médias du monde... tant pour les journaux chinois que pour les journaux américains et européens. Pour cette raison, c'est une chose très utile de discuter comment les nouvelles technologies changent le caractère ainsi que la nature des médias", a indiqué ce journaliste expérimenté, 48 ans.
Selon M. Thomson, les journaux ont tendance à subir la pression numérique croissante, alors que l'actuelle récession économique accélère le déclin de certains journaux.
"Pour beaucoup de journaux à travers le monde, ils ont beaucoup de lecteurs grâce à la lecture numérique, mais en même temps, ils ont moins de revenu, parce que la lecture numérique est moins juteuse que la lecture classique, de certaine manière, parce que des gens ne veulent pas payer pour le contenu ou pensent qu'ils peuvent ne pas payer pour le contenu", a analysé M. Thomson.
"La publicité dans le monde numérique est beaucoup moins chère que celle sur papier... Vous avez donc vu la faillite de certains journaux très renommés aux Etats-Unis, dont Christian Science Monitor qui a eu des correspondants à Beijing il y a très longtemps", a précisé M. Thomson.
Une question cruciale pour les journaux et d'autres médias classiques du monde d'aujourd'hui est de savoir quelle est la valeur du contenu, et il y a eu un grand débat sur ce dossier au cours des deux derniers mois, a-t-il indiqué, qualifiant donc le sommet de Beijing de "très opportun".
"Si on n'a pas de journalisme professionnel et de journalistes professionnels qui sont payés avec un salaire raisonnable, qui va cueillir des faits de manière professionnelle ?", a souligné M. Thomson, signalant qu'"il ne manque pas d'opinions sur l'internet, mais il y a certainement un manque de faits".
Il a estimé que "le coût et la valeur du contenu" seraient une question clé dans les débats entre les médias présents au sommet de Beijing.
Lorsque l'émergence de nouveaux médias, comme l'internet, pose des défis, tels la protection du contenu des médias classiques, les soi-disant médias classiques ont tendance à se numériser et à découvrir des opportunités dans le marché de nouveaux médias, a indiqué M. Thomson.
Les technologies numériques apportent l'interaction des uns et des autres, "qui n'est pas une chose physique, mais une chose culturelle", a-t-il estimé.
M. Thomson a rappelé que WSJ a lancé sa version en ligne en 1996, qui a maintenant un million d'abonnés.
"L'internationalisation, ou la mondialisation comme ce que disent des gens, et la numérisation sont deux choses qui renforcent notre force plutôt que d'éclairer notre faiblesse", a dit le directeur de la rédaction du WSJ.
S'agissant du sommet de Beijing, M. Thomson a déclaré que la Chine est évidemment un pays émergent et important. Les discussions sur le rôle de la Chine et celui des médias dans le monde sont "utiles non seulement pour la Chine, mais aussi pour le monde", a-t-il dit.
Comme un ancien correspondant de Financial Times à Beijing de 1985 à 1989, M. Thomson a affirmé que les médias chinois d'aujourd'hui sont très différents de ceux des années 1980.
"Ils ont dramatiquement changé et continueront à changer", a-t-il dit.
Selon M. Thomson, lorsque l'influence de la Chine s'accroît, ses médias, y compris l'agence de presse Xinhua, "se développent clairement tant à l'intérieur qu'à l'extérieur".
"C'est vérifiable, si vous regardez le caractère changeant des médias chinois, ils sont beaucoup plus ouverts", a-t-il conclu.