Sommet mondial des médias : les opportunités et les risques liés à l'IA au menu des discussions
Des dirigeants de médias mondiaux ont débattu les opportunités et les défis auxquels sont confrontés les organes de presse du monde entier à l'ère de l'intelligence artificielle (IA) après la publication lundi d'un rapport sur l'IA par un groupe de réflexion affilié à Xinhua, l'agence de presse officielle de Chine.
Intitulé "Responsabilité et mission des médias d'information à l'ère de l'IA", ce rapport, basé sur des entretiens avec des médias mondiaux, des organisations technologiques et des questionnaires multilingues, a été publié lors du 6e Sommet mondial des médias qui se tient actuellement à Urumqi, la capitale de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.
"Il s'agit d'un document très important", estime Waref Kumayha, président de l'Institut de la Route de la soie pour les études et la recherche au Liban, notant que le monde est entré dans une nouvelle ère grâce à la technologie de l'IA générative, ce qui a apporté de grands changements à de nombreuses industries, y compris les médias d'information.
Selon ce rapport, 66% des médias d'information interrogés dans le monde entier voient d'un bon ?il l'impact de l'IA générative sur le secteur. En outre, 51,2% des personnes interrogées disent avoir déjà commencé à mettre en oeuvre des technologies d'IA.
"L'IA permet à l'industrie des médias d'être plus efficace en faisant le gros du travail, libérant ainsi du temps pour que nos journalistes et nos créatifs puissent exprimer leur stratégie et présenter leur contenu et leurs récits de manière efficace", analyse Viasen Soobramoney, président du comité éditorial d'Independent Media en Afrique du Sud.
L'IA favorise les innovations créatives dans les smartphones, améliore la personnalisation de la télévision et révolutionne la radiodiffusion, pense Gao Jack Qunyao, président de Whale TV à Singapour.
S'exprimant lors du sommet, Andreï Kondrachov, directeur général de l'agence de presse russe TASS, a estimé que l'IA transformait profondément l'industrie des médias. "Il est essentiel que les professionnels des médias se réunissent et saisissent cette occasion pour utiliser correctement cette technologie afin d'améliorer collectivement le bien-être de l'humanité."
Toutefois, les médias interrogés ont également exprimé des appréhensions quant aux risques potentiels de crédibilité associés à l'IA, jusqu'à 85,6% d'entre eux estimant que l'application de l'IA générative nécessitait une meilleure réglementation.
"Il est important pour nous de comprendre comment l'intelligence artificielle est appliquée, d'autant plus que ces nouvelles technologies contribuent souvent à la désinformation et aux discours de haine qui ont un impact sur la vie de millions de personnes à travers la planète", avertit Pierre Krähenbühl, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge.
La propagation de la désinformation et des "deepfakes" (contenus hyperréalistes truqués en utilisant l'IA) est un problème majeur, dont la résolution nécessite des efforts collectifs. L'interaction, plutôt que la division, au sein de la communauté professionnelle mondiale devrait être notre mission première, préconise Dmitri Gornostaïev, rédacteur en chef adjoint du groupe de médias russe Rossia Segodnia.
Le rapport souligne que les conflits de valeurs et les dilemmes éthiques généralisés ont placé l'IA dans un dilemme entre le développement et la gouvernance. Les médias d'information doivent donc assumer leurs responsabilités sociales, s'engager à adopter une approche "priorité aux gens" et promouvoir "l'intelligence pour le bien" à l'ère de l'IA.
Tamas Kovacs, directeur général du groupe hongrois ATV Media, pense que la diffusion de la vérité reste au coeur de l'information et de la responsabilité que les médias d'information devraient assumer à l'ère numérique, sur fond de développement rapide des nouvelles technologies.
"Nous avons toujours la responsabilité première de créer un contenu de haute qualité qui soit véridique, digne de confiance et significatif", indique M. Kondrachov. "Il est essentiel que nous respections les normes professionnelles, que nous nous engagions dans une réflexion objective et rationnelle et que nous appliquions la sagesse chinoise qui consiste à rechercher un terrain d'entente tout en respectant les différences."