Le projet européen en Chine
Jean-Pierre Raffarin, animateur des groupes de réflexions qui accompagneront le président Sarkozy en Chine à la fin de ce mois de Novembre en appelle de ses voeux, c'est la vision aussi de beaucoup de partenaires gravitant autour de la China Europe International Business School : une stratégie commune pour les pays européens en Chine est nécessaire pour la réussite et l'existence d'un bloc commun à côté des deux hyperpuissances dans 20 ans que seront la Chine et les Etats-Unis.
Pour l'ancien premier ministre, c'est autour de tels défis que l'idée de l'Europe est la plus pertinente. Après le programme Erasmus, le programme Confucius a du sens.
Malgré les bonnes intentions, les pistes de réflexion lancées par JPR comme, par exemple, le principe de non- concurrence sur les mêmes produits entre allemands et français ressemblent plus à des voeux pieux qu'à des réponses réalistes faces aux attentes économiques. Comment dire à Siemens de se retirer de la course au consommateur chinois au profit de Schneider ? Peut-on penser qu'un jour Bruxelles dicte aux stratèges de PSA de rester concentrer sur le segment des voitures peu onéreuses pendant que BMW se taille les parts du lion dans les marges plus intéressantes du segment du luxe ?
Est-ce que la vraie leçon de la Chine, c'est l'urgence de l'Europe ? Les programmes Airbus ou Iter ne sont-ils pas des exemples à suivre en matière de stratégie économique commune ?
Pour l'union européenne, l'ouverture de la Chine est un test et Bruxelles a toute les peines du monde à formuler une politique globale et respectée pour des raisons internes mais aussi à cause de la traditionnelle alliance atlantique avec les Etats-Unis. Une stratégie triangulaire entre les blocs EU-UE-CH n'est possible seulement à la condition d'une Europe unie.
Pourtant, du côté des partenariats commerciaux, la relation est au beau fixe avec des échanges qui ont été multiplié par 40 depuis 1978. La Chine est le deuxième partenaire commercial pour l'Europe, l'Europe est le premier pour la Chine et ceci s'est effectué sous la main invisible du marché car le seul cadre légal dans ces relations est le « EC-China Trade and Cooperation Agreement » en 1985.
En marge de cet accord, quelques signatures de coopération sont venues jalonner ces années de décollage économique : les Visas pour les touristes chinois qui souhaitent visiter le « vieux continent », un accord sur une coopération économique et scientifique comme le projet Galileo ainsi que l'usage à des fins pacifiques de la puissance nucléaire.
Sur les dossiers de l'embargo des armes à destination de Pékin, les quotas dans le textile ou le déficit global de la balance commercial, le respect des droits de l'homme, l'Europe a une voix à faire entendre et une voie à montrer et c'est sur ces sujets sensibles que l'Europe doit être cohérente avec ses propres ambitions. Une China France Business School aurait été impossible alors que la China Europe International Business School est un grand succès.
Le modèle pékinois pour les pays en développement et le modèle bruxellois de coopération entre pays sont sans doute deux réponses aux dangers du monde après guerre froide. C'est une chance pour le monde que la Chine ait choisi la poursuite effrénée de la croissance comme une réponse aux humiliations du passé et l'Europe a pour ambition de donner du sens à ce village global après avoir vécu les horreurs du passé.
Benoit Boisseuil (http://lustintranslation.blogspirit.com)