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Pourquoi un Français est-il inscrit dans la mémoire des Chinois après plus d'un siècle ?

© Chine Nouvelle (Xinhua) - Li Na,Liang Yunfang,Huang Zech, Le 06/05/2024 09:37

Sur une rive de la rivière Majiang à Fuzhou, capitale de la province du Fujian, dans l'est de la Chine, se situe le précieux site du patrimoine industriel et culturel connu sous le nom d'Arsenal de Fuzhou. Témoin du mouvement d'auto-renforcement de la Chine, il s'inscrit comme un chapitre impérissable de l'aventure de la modernisation du pays.

Dans le musée de l'Arsenal de Fuzhou 1866, la statue d'un étranger attire les regards. Il s'agit de Prosper Marie Giquel, un Français dont la contribution à l'histoire moderne de la construction navale chinoise est toujours rappelée.

Cette statue a été offerte au gouvernement municipal de Fuzhou par l'ambassade de France en Chine en 2014 à l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, en mémoire de ce contributeur important à l'histoire de la coopération sino-française.

Né en 1835, M. Giquel arrive en Chine en 1857 en tant qu'officier de la marine française. A l'époque, la Chine est confrontée à des défis intérieurs et extérieurs qui nécessitent un renforcement urgent de ses capacités de défense maritime.

Zuo Zongtang, plus connu sous le nom de général Tso, alors vice-roi du Fujian et du Zhejiang sous la dynastie des Qing (1644-1911), remarque M. Giquel et l'invite à faciliter la coopération entre la Chine et la France, dans le but d'aider le gouvernement Qing à mettre en place un arsenal naval.

En 1866, l'arsenal naval est mis en place dans ce qu'est aujourd'hui l'arrondissement de Mawei, à Fuzhou. M. Giquel est nommé directeur de cet arsenal et occupe ce poste jusqu'en 1874.

Pendant cette période, il supervise la construction de 15 navires de guerre et navires marchands, dont le premier navire de guerre chinois à vapeur de 1.000 tonnes, le Wannianqing.

"L'arsenal naval a franchi de nombreuses barrières technologiques grâce aux liens établis par M. Giquel, qui a apporté à Mawei des technologies militaires et industrielles occidentales en provenance d'Europe, a déclaré Chen Yue, président de l'association de recherche culturelle du chantier naval de Mawei.

A l'époque, les échanges culturels et l'apprentissage mutuel entre la Chine et la France allaient au-delà de la technologie, exerçant une influence importante sur la politique, l'armée, l'éducation, la science, la technologie, la diplomatie et la culture de la Chine.

La première école navale de la Chine moderne, l'école navale de l'arsenal de Fuzhou, a été fondée en même temps que le chantier naval. Lin Yingyao, expert en arsenal de Fuzhou, a noté que les dossiers de M. Giquel, tels qu'ils sont documentés, décrivent en détail le fonctionnement de l'école navale.

"M. Giquel a fourni des conseils détaillés concernant le programme, les matières, les processus d'enseignement et d'apprentissage, l'évaluation des étudiants et celle des performances et des capacités académiques", a dit M. Lin, ajoutant que l'école navale employait également des instructeurs français et britanniques qui ont activement contribué à la formation de talents modernes pour la Chine.

En 1877, l'école a envoyé son premier groupe d'élèves en France et au Royaume-Uni pour y poursuivre leurs études, avec M. Giquel en tant que superviseur étranger de ces élèves.

"Ces élèves ayant étudié en France ont exploré la voie de l'utilisation de la technologie pour sauver le pays, tout en se rendant compte que la culture chinoise ne pouvait rester stagnante et qu'elle devait s'intégrer au reste du monde. Ils constituaient un groupe de forces d'élite dans l'industrialisation de la Chine moderne", a analysé M. Chen.

L'histoire de M. Giquel a été ravivée dans les années 1980, cent ans après son décès à Cannes, en France, en 1886.

L'universitaire français René Viénet a appris l'existence de l'école navale grâce aux archives de M. Giquel, découvrant ainsi un pan de l'histoire de l'Arsenal de Fuzhou longtemps oublié en France.

Curieux de connaître cette école navale de l'autre côté de l'océan et de savoir pourquoi un Français avait choisi d'enseigner en Chine cent ans plus tôt, M. Viénet a commencé à étudier les traces de l'Arsenal de Fuzhou en France et a complété la collation du journal de M. Giquel.

En 2006, M. Viénet a réalisé son souhait de visiter Fuzhou, profondément impressionné par le chantier naval centenaire de Mawei.

Dix ans plus tard, l'exposition "Le rêve chinois d'un Français" a été organisée dans l'ancienne école navale, présentant les documents recueillis par l'universitaire dans le monde entier au cours de ses dix années de recherche. Il espérait ainsi raconter l'histoire d'un jeune Français brillant et visionnaire qui a consacré sa vie à ses rêves et à sa carrière en Chine au XIXe siècle.

Depuis près de 20 ans, il a effectué de nombreuses visites sur les anciens sites de l'Arsenal de Fuzhou en Chine. M. Viénet et les descendants de M. Giquel ont organisé ensemble une exposition à Lorient, la ville natale de M. Giquel en France, à l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, afin de raconter au peuple français l'histoire de la vie de M. Giquel et son lien avec un chantier naval chinois.

Aujourd'hui octogénaire, M. Viénet poursuit le "rêve chinois" de M. Giquel, en encourageant inlassablement la communication et la coopération entre la Chine et la France.

"Le patrimoine de l'Arsenal de Fuzhou témoigne des échanges entre les civilisations chinoise et française et constitue un lien historique dans les échanges entre les deux pays", a déclaré Liu Jiangyuan, directeur du comité de gestion de la culture du chantier naval du Fujian. "Nous espérons que grâce aux expositions et à la multiplication des échanges et de l'apprentissage mutuel, l'histoire du chantier naval sera connue d'un plus grand nombre de personnes", a ajouté M. Liu.

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