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LIENS COMMERCIAUX
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Les failles et les retombées du plan tarifaire de l'UE

© Chine Nouvelle (Xinhua) - Luo Jingping,Zheng Jingxia,Luo, Le 15/06/2024 11:14

L'enquête de la Commission européenne (CE) sur les véhicules électriques (VE) chinois a révélé de multiples lacunes dans les règles, ont déclaré des organisations commerciales et des experts, tout en avertissant que les hausses de droits de douane proposées pourraient aller à l'encontre du but recherché, car elles entraîneraient des conséquences indésirables.

La CE a dévoilé mercredi un plan visant à imposer des droits de douane supplémentaires provisoires allant jusqu'à 38,1% sur les VE fabriqués en Chine, à la suite de l'enquête anti-subventions lancée l'année dernière.

Lors d'une conférence de presse tenue jeudi, He Yadong, porte-parole du ministère chinois du Commerce, a déclaré que la Chine se réservait le droit d'intenter une action en justice auprès de l'Organisation mondiale du commerce concernant le plan de l'UE.

"DE GRAVES FAILLES"

"Le processus d'enquête présente de graves failles", a indiqué la Chambre de commerce de Chine pour l'import-export des produits mécaniques et électroniques (CCCME), un groupe industriel représentant plus de 10.000 entreprises membres en Chine.

"L'enquête n'a pas été lancée par les industries de l'UE. Il s'agit au contraire d'une enquête antisubventions d'office lancée par la commission sur la base d'une menace de préjudice. C'est très rare dans les recours commerciaux de l'UE", a déclaré la CCCME.

La CCCME a critiqué l'étendue et l'exigence des informations demandées par la CE, estimant qu'elles étaient sans précédent et révélatrices de l'inclination de l'UE à parvenir à une conclusion prédéterminée.

La Chambre de commerce de Chine auprès de l'UE (CCCEU) a également exprimé sa profonde inquiétude face à ce qu'elle perçoit comme une manipulation politique et un protectionnisme unilatéral dans l'enquête.

La CE a dépassé le cadre de son enquête sur les droits compensateurs, a posé des exigences déraisonnables aux entreprises et n'a pas laissé suffisamment de temps aux entreprises et aux parties prenantes pour répondre et fournir des éléments de preuve, a poursuivi la CCCEU.

Au cours des auditions organisées à Bruxelles, les entreprises chinoises et les autres parties concernées ont soulevé leurs questions concernant les problèmes découlant de l'enquête, mais la commission n'a pas réagi et n'a pas corrigé ses erreurs, selon le CCCEU.

De son côté, le Conseil chinois pour la promotion du commerce international (CCPIT) a qualifié la décision de l'UE de "deux poids, deux mesures typique", affirmant que l'UE avait elle-même fourni des subventions substantielles à ses propres industries de véhicules électriques et de batteries.

DES CONSEQUENCES EVITABLES

Les experts ont mis en garde contre le fait que des droits de douane supplémentaires pourraient avoir des conséquences indésirables, en diminuant la rentabilité des entreprises et en affectant ainsi la croissance économique de l'UE.

Zheng Chunrong, directeur du Centre d'études allemandes de l'Université de Tongji, a souligné que les entreprises allemandes subiraient sans aucun doute les frais des conflits commerciaux, car la Chine représente toujours la plus grande part du marché mondial pour les constructeurs automobiles allemands.

Environ 50% des importations de véhicules électriques de l'UE en provenance de Chine proviennent de marques occidentales qui fabriquent des véhicules en Chine, selon des personnes au fait de ces questions.

"Si l'UE applique ces droits de douane, elle infligera un préjudice considérable à l'Europe elle-même", a fait remarquer M. Zheng.

Selon une étude de simulation menée par l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale (IfW Kiel), l'imposition de droits de douane de 20% entraînerait une baisse de 25% des importations de véhicules électriques en provenance de Chine, ce qui aurait un impact sur les constructeurs automobiles occidentaux ayant des activités en Chine.

A la suite de l'annonce de la CE, d'importants constructeurs automobiles européens, tels que Volkswagen, Mercedes-Benz et BMW, ont exprimé de fortes objections, car ces mesures protectionnistes pourraient les contraindre à perdre une partie du marché chinois, l'un de leurs principaux centres de profit.

En Europe, l'imminence de droits de douane supplémentaires devrait provoquer une flambée des prix des VE, ce qui constituerait un obstacle à la mise en oeuvre de l'ambitieux "Green Deal" de l'UE.

L'initiative, lancée en 2019 et destinée à éliminer progressivement les voitures et les camionnettes équipées de moteurs à combustion interne, à l'exception de celles fonctionnant aux e-carburants, de l'immatriculation d'ici à 2035, est désormais confrontée à une pierre d'achoppement potentielle.

"Il n'y a aucune chance qu'une partie du monde mène une transition écologique rapide et de manière ciblée sans la Chine, car le coût sera alors beaucoup plus élevé", a déclaré Erik Solheim, coprésident du Centre Europe-Asie et ancien sous-secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU).

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