Le DG d'ITER salue la contribution et le soutien de la Chine
La Chine a apporté une contribution significative à ITER, le mégaprojet international de recherche et d'ingénierie sur la fusion nucléaire, ce qui se reflète dans la croissance considérable du programme national de fusion en Chine, a déclaré le directeur général d'ITER, Pietro Barabaschi, lors d'une récente interview avec Xinhua.
"Je suis vraiment très impressionné. Lorsque je travaillais à ITER dans les années 1990, la Chine ne faisait pas partie du projet. J'ai acquis beaucoup d'expérience plus récemment et j'ai également constaté lors de mon récent voyage en Chine le niveau de développement de la recherche sur la fusion en général", a rappelé M. Barabaschi.
Le programme scientifique d'ITER vise à produire de l'énergie par un processus de fusion similaire à celui du Soleil. Les sept membres du programme -- la Chine, l'Union européenne, l'Inde, le Japon, la République de Corée, la Russie et les Etats-Unis sont engagés dans la construction du plus grand tokamak jamais conçu, une machine qui doit démontrer que la fusion peut être utilisée comme source d'énergie à grande échelle.
Plus d'un million d'éléments différents seront fabriqués dans les usines des membres d'ITER. Selon l'accord signé en 2006, la Chine assume 9,1% du coût de construction de l'installation. L'intégration et le montage de tous les éléments dans un site de 42 hectares dans le sud de la France constituent un défi logistique et technique majeur.
"Nous avons une longue liste de composants clés livrés par la Chine. Bien plus que cela, la Chine a apporté une contribution importante en termes de compétences et de main-d'oeuvre," a indiqué M. Barabaschi.
"La Chine a une présence forte ici, la plus importante parmi les non-Européens, avec un personnel très qualifié. Les Chinois sur place travaillent sur des activités clés, principalement l'assemblage, ce qui est très apprécié", a-t-il ajouté.
En septembre 2019, le consortium dirigé par China Nuclear Power Engineering s'est vu attribuer le contrat numéro 1 du tokamak pour l'assemblage cryostat et écran thermique du cryostat, alimentation des aimants, solénoïde central, bobines de champ poloïdal et bobines de correction ainsi que structures de refroidissement et instrumentation.
En mai 2020, la base du cryostat, pesant 1.250 tonnes - la pièce unique la plus lourde d'ITER, a été déposée au fond du bâtiment tokamak, marquant le début de l'assemblage du réacteur.
"Il y a un intérêt très fort de la part des entreprises chinoises pour participer à l'assemblage", a souligné M. Barabaschi. "C'est important pour ITER, pour la fusion, également pour la Chine, car ces entreprises acquièrent un niveau de compétence et de savoir-faire que seul ITER peut fournir."
Tout en collaborant avec les programmes internationaux dans le secteur de la fusion, la Chine a réalisé des percées remarquables dans son programme national. Le tokamak EAST situé à l'Institut de physique des plasmas de l'Académie des sciences de Chine à Hefei dans la province d'Anhui est parvenu à faire fonctionner un plasma à haut confinement en régime permanent pendant 403 secondes lors d'une expérience réalisée en avril cette année, constituant une étape clé vers le développement d'un réacteur de fusion.
En août, Huanliu-3, le "soleil artificiel" chinois de nouvelle génération, situé à Chengdu, dans le Sichuan, a réalisé pour la première fois un fonctionnement en mode confinement élevé avec un courant de plasma d'un million d'ampères.
"Nous avons une bonne coopération avec Hefei, avec Chengdu, avec presque toutes les infrastructures de recherche de fusion en Chine", a fait savoir le directeur général d'ITER. "La Chine fait quelque chose de remarquable. L'engagement très fort du gouvernement chinois est évident. Je suis convaincu que la Chine continuera à soutenir ITER, c'est le message que je reçois toujours".
Pour le secrétaire général, ITER a une valeur qui va au-delà de la partie scientifique. "Il est remarquable que nous puissions continuer à travailler ensemble parmi les sept membres en pleine harmonie, en particulier à l'heure actuelle où la géopolitique connaît tant de difficultés", s'est-il félicité. "Alors que nous avançons dans la phase d'assemblage, nous envisageons de marquer plus de percées importantes, qui sont autant de raisons pour tout le monde de se réjouir".