Festival du cinéma chinois de Paris : la comédie chinoise à l'honneur en salle parisienne (REPORTAGE)
Pour sa 15e édition, le Festival du cinéma chinois de Paris retrouve ses quartiers parisiens après trois ans d'interruption en raison de la pandémie de COVID-19. Tapis rouge, VIP et petit buffet... le coup d'envoi du festival s'est tenu au 7 Parnassiens, salle emblématique du cinéma d'art et essai parisien, le 11 octobre. Cette année, le festival, qui durera jusqu'au 20 octobre, présente 16 comédies et films de kung-fu, couvrant plus de 100 ans de production cinématographique chinoise.
RELANCE APRES LA PANDEMIE
Après trois années d'interruption, le plaisir de se retrouver autour d'une programmation riche et éclectique était palpable dans le petit cinéma du quartier de Montparnasse, "Ça fait plaisir aussi de revoir des amis, justement, que je n'ai pas vu depuis trois ans, trois longues années", souligne le réalisateur Philippe Muyl, parrain de cette nouvelle édition du festival. "J'ai regardé la liste des films. Je suis impressionné par une chose, c'est qu'en fait, il y a même un film de 1922. (...) et puis des films beaucoup plus récents. Moi, j'ai envie de voir les films." se réjouit-il à propos de la programmation, permise grâce au soutien de China Film Archive et d'Emei Film Group pour la numérisation et la restauration des films anciens, et au sous-titrage en français par une équipe de bénévoles du festival.
Pour l'édition 2023, la sélection s'est opérée autour du thème de la comédie. "On a passé des années difficiles liées à la COVID, à la pandémie. C'est pourquoi j'ai eu cette idée du thème du film de comédie, comme ça, on peut rire un peu," explique Deanna Gao, qui a créé le festival en 2004, à l'occasion du 40e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Le choix de l'humour se justifie aussi par l'absence relative de la comédie chinoise dans les salles françaises. "Le film de comédie chinois n'est presque pas connu en France, parce que les films chinois qu'on voit ici en salle, très souvent, ce sont des films assez tristes, des films qui parlent des problèmes de société, etc.", estime Deanna Gao, tout en soulignant la difficulté de traduire l'humour chinois en français.
Autre thématique abordée cette année : le cinéma de kung-fu, avec un ambassadeur venu directement de Chine, l'acteur et artiste martial Dennis To Yu-hang, ravi de contribuer à faire connaître le cinéma chinois en France et d'accompagner la projection d'un de ses films à Paris d'une démonstration. "J'ai commencé le kung-fu après avoir vu des films de kung-fu, puis je suis devenu acteur. C'est grâce au cinéma que le kung-fu s'est popularisé dans le monde entier et je pense que nous devons continuer de le faire connaître pour permettre la rencontre des cultures", explique-t-il, avant de préciser qu'il compte bien revenir l'année prochaine à Paris.
FILMS CHINOIS QUI PARLENT AUSSI AUX FRANÇAIS
Gérant du 7 Parnassiens et du Lincoln, les deux salles parisiennes qui projettent les films durant le festival, Louis Merle se félicite du retour de ce rendez-vous très attendu par les spectateurs. "On a du public, d'année en année, un peu plus. Là, on s'est arrêté pendant trois ans, donc il faut le redémarrer, je pense. On va voir ce que ça donne. Je suis assez curieux de voir, mais c'est intéressant de voir que le public s'acculture petit à petit au cinéma chinois." Une acculturation plus facile qu'il n'y parait d'après ce dirigeant de cinéma indépendant pour qui "on a des connaisseurs du cinéma chinois et on a aussi des gens qui viennent un peu par curiosité juste en nous faisant confiance. Et en fait, ils ressortent, ils sont ravis. Ils disent 'J'ai découvert, je ne savais pas que la Chine faisait des films accessibles à la culture française et qu'on peut comprendre, nous, en tant que Français, parce que ça nous parle aussi.'"
L'artiste Simon Pradinas, qui s'intéresse au cinéma, à la culture et à la littérature chinois, prévoit déjà de rendre à plusieurs projections. "Il y a un film qui est un classique du cinéma chinois de kung- fu, avec une actrice qui va être là. Ça m'intéresse beaucoup parce que je trouve que le cinéma de genre, le cinéma de kung- fu, c'est du très grand art, un peu comme l'opéra. Ça a été vu comme du cinéma très populaire et je trouve que c'est un tort parce que ce n'est pas seulement ça, c'est une tradition qu'il y avait dans l'opéra chinois, etc. sur l'art gestuelle, ça m'intéresse beaucoup," commente-t-il.
Karim Houfaïd est un habitué du festival venu cette fois-ci accompagné de sa fille de 15 ans, Zélie. "Chaque année, j'ai un rendez-vous avec le cinéma chinois et ça me permet de prendre connaissance de ce qui se fait. Parce qu'il y a des films à la fois d'époque, anciens, qui ont plus de 100 ans pour certains, des archives incroyables, et puis des films plus récents." Sorti enthousiaste du film de Tang Danian, "Cherche mari désespérément", il insiste sur la capacité du cinéma à faire voyager et découvrir d'autres cultures. "Ça nous dresse un tableau, un paysage, un petit peu de la famille chinoise d'aujourd'hui, la place des uns et des autres dans la famille, notamment la femme. Donc là, c'était un film, en même temps une comédie et une façon de rentrer un peu dans la vie d'une famille chinoise. Donc ça nous permet de voyager, c'est toujours la même chose, le cinéma permet de voyager, d'aller là où on ne pourrait pas aller sans le film ou difficilement", développe-t-il.
Colloques pour les professionnels au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) autour de l'histoire, du scénario et de la réalisation de comédie en Chine et en France, ainsi que sur les films de kung-fu, démonstrations de kung-fu, ciné-concerts avec des musiciens traditionnels chinois pour accompagner les films muets... La programmation de la 15e édition du Festival du cinéma chinois de Paris dépasse largement le cadre du grand écran.