lililele a écrit :Nous avons la chance d'avoir de nombreux expatriés en Chine, français ou belges qui participent au Forum. Je leur propose de témoigner ici de leurs sentiments et impressions sur leur expatriation en chine à l'attention des personnes curieuses de leur expèrience ou qui souhaiteraient réaliser cette aventure.
Merci d'avance à celles et ceux d'entre eux qui partageront ce vécu
Tout comme Cha, je ne suis pas très doué pour cela. Et puis, j'ai le défaut de ne pas aimer raconter ma propre vie. Je tiens a souligner que je ne le fais pas pour les points. Comme disait le vieux Coubertin, l'important est de participer.
Mon parcours est atypique. Je n'avais pas de réel engouement pour la Chine. J'étais attire par la Corée et le Japon. J'avais même appris le japonais.
Parfois la vie nous réserve de drôles de tours. J'ai rencontré une chinoise. Deux ans plus tard je quittais la France pour la Chine. Je suis arrivé en octobre 2007 dans la province de Hebei. La première chose à laquelle j'ai été confronte a été le regard des gens. Certes, c'était un regard de curiosité mais qui à la fin vous indispose vous donnant le sentiment d'être une bête curieuse. Je n'étais pas le seul a partager ce sentiment. Les rares étrangers que je rencontrais avaient le même sentiment. D'ailleurs, je me souviendrais toujours de cet homme en vélo qui n'a pas détourné son regard de moi et qui a frôlé l'accident puisqu'il ne regardait pas la route. La deuxième chose ce fut cette étrange manie de cracher partout et n'importe ou. La troisième chose qui m'a frappé, c'est le côté sans manières des chinois. On ne tient pas la porte et on vous l'envoie en pleine face. On vous bouscule presque à vous faire tomber sans le moindre mot d'excuse. Etc.
En arrivant dans la province de Hebei, j'avais déjà un emploi. Je faisais traducteur et prof particulier. La boite m'avait fait un visa de 1 an ainsi qu'un foreign expert certificate. Mon amie qui est du sud de la Chine détestait la ville où nous étions. Il y faisait gris, l'atmosphère était poussiéreuse et polluée. Même moi, cela m'avait porte un coup au moral car je ne pouvais pas voir le ciel bleu. Ma première année la bas a été une immersion totale dans la culture chinoise. J'ai ainsi appris qu'en Chine il y a le « paraitre », le « faire paraitre » et ce que l'on est réellement. J'ai aussi appris que se faire des amis en Chine est très difficile. Pendant cette année la, j'ai découvert la Chine que les touristes ne verront jamais. La pauvreté, les gens qui vivent au dessus et les gens qui vivent au dessous. Les « codes » chinois, du moins quelques uns. Cette année la fut aussi très éprouvante physiquement. Le froid du nord de la Chine, la neige de la tempête de neige du sud de la Chine. J'ai aussi découvert la médecine Chinoise qui a su diagnostiquer un mal dont je souffre depuis des années ainsi que les SPA. Ce qui en France imposait un traitement lourd pour le dos, fut soigné avec un simple médicament pour les problèmes de foie et un abonnement au SPA. J'ai aussi découvert les nouilles au boeuf. Il y a tellement de façon de les préparer que jusqu'à aujourd'hui je ne suis pas lassé d'en manger.
En Juillet 2008 j'ai quitte la province de Hebei et je suis venu a Beijing. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'a Beijing, je suis comme un poisson dans l'eau. Je suis quelqu'un de la ville. Me retrouver dans cette grande ville ne m'indispose pas du tout. Le bus, le metro, le taxi, le shopping. Ce n'est pas quelque chose de difficile. A Beijing, je fais encore traducteur, prof de français particulier et de l'outsourcing en free lance (je bosse au tarif chinois pour des sociétés françaises). Avec mon amie nous avons ouvert une boutique avec son pendant virtuel ou on y vend des produits traditionnel et du high tech 100% chinois. Si il est indéniable que la Chine a de gros problème de qualité au sujet de ses produits, il y a quand même des industriels qui font des produits high tech de très bonne facture et moins cher que les produits taïwanais ou japonais. La crise ne nous a malheureusement pas épargné et nous avons du faire le dos rond. C'est de cette façon que j'ai pu voir a quel point il est difficile de faire du business en chine pour un occidental. Et maintenant je suis véritablement furieux lorsque un français dit que les occidentaux ont profité des chinois car c'est une contre vérité. Rien ne se fait en Chine sans l'accord du gouvernement. Ensuite, même pour le business, la culture est réellement différente. Le relationnel compte énormément. La où un français dirait que le chinois le prend pour un con, en fait, c'est le chinois qui essaie de sauver les apparences. Je me souviendrais toujours de ce fournisseur qui pour ne pas dire qu'il n'avait plus rien en stock, m'a évoque l'excuse qu'il avait « oublie » de vérifier si je l'avais bien paye.
Contrairement a ce que dit Cha. A Beijing, l'étranger est mis sur un piédestal lorsqu'il est américain. Parfois, la précision est pousse jusqu'à la couleur des yeux et des cheveux. Et j'en viens à la phase qui fera hurler les pro-chine. Les chinois sont en effet assez raciste et ils sont adepte de la discrimination. A Beijing, j'ai par exemple entendu en anglais quelqu'un dans le bus dire: I don't like black. Et parfois leur discours au sujet des « races » est assez troublant pour ne pas dire inquiétant. L'engouement pour les eurasiens (mixte blanc/chinois) en est une démonstration assez troublante, elle aussi.
Certes Beijing est moderne mais elle est surtout arrogante et depuis les JO elle est vaniteuse. C'est a Beijing où j'ai entendu cette phrase : La chine est un tigre endormi qui fera trembler le monde le jour ou il se réveillera. J'ai pourtant rencontré des nationalistes au chauvinisme exacerbe dans d'autres provinces, mais ils ne m'avaient jamais dit cela. On peut ressentir un réel sentiment de revanche comme si le monde s'était acharné sur la Chine, alors que c'est faux.
Lorsque l'on s'attache a tout ce qui est culturel, touristique et riche. Beijing est bien. Mais si on met ses lunettes et que l'on y regarde de plus près, il y a plus d'une chose qui choquerait le français moyen. J'ai pu aussi constater que les chinois vivent de préjugés. Je n'entrerais pas dans le détail parce que c'est glauque.
Je n'ai pas l'intention de faire ma vie en chine. Plus on vit en Chine et plus on aime la France. En quittant la France pour la Chine, j'ai fait l'impasse sur des choses. Ces choses font partie intégrante de moi. En Chine, je m'en sens dépossédé. Par contre je resterai le temps qu'il faut pour convaincre la mère de mon amie de dire oui. La mère de mon amie est une adepte du chantage sentimental. Elle menace régulièrement de mourir lorsque mon amie émet l'idée de partir vivre en France. La mère de mon amie correspond a l'archétype de la femme chinoise dans ce qui se fait de pire: coquette, paresseuse et vénale. Elle n'accepte pas, par exemple, que mon amie travaille. A ses yeux mon amie aurait du trouver un riche étranger pour l'entretenir. La mère de mon amie qui n'a jamais travaillé de sa vie tance régulièrement mon amie pour qu'elle lui envoie de l'argent en prétextant que le père de mon amie, ne lui en donne pas. Ce qui est faux. En fait elle perd l'argent en jouant aux cartes. Enfin! Je ne l'apprécie pas et elle, elle ne m'apprécie pas non plus. Le père de mon amie est traditionaliste mais est aussi pragmatique. Il aurait voulu que mon amie soit avec un Chinois, mais puisque nous avons démarré un business qui malgré la crise n'a pas coulé et qui reprend. Cela signifie argent et donc ce n'est pas véritablement un problème. Mais bon. Tant que la mère ne dira pas oui, le père ne dira pas oui. Je rentre tous les ans en France. Je ne veux pas perdre la réalité de la France car la Chine n'est pas mon pays. En lisant ces lignes certains penseront. Ce type n'aime pas la Chine. Ils se trompent. La Chine, j'en suis revenu (au sens figuré) et je donne l'image de la chine que je vis au quotidien. Je me considère comme un observateur et j'essaie quand cela est possible de garder mon objectivité. Je raconte ma réalité. Je ne veux pas tenir un discours de touriste qui se nourrit et vit de souvenir, de reportage TV et de livres. Ce que voient les touristes de la Chine, c'est le « paraitre », ce que vous en France, vous voyez de la Chine, c'est le « faire paraitre ». Je vois la réalité qui parfois n'est pas jolie jolie. Rassurez vous j'ai de bons moments en Chine. Je ne suis pas sur un piédestal et vivre à Beijing m'a refait revenir dans l'anonymat (on ne me regarde pas comme une bête curieuse). Si je n'en avais pas, il y a longtemps que je serais rentré au pays.
Je conclurais ce que j'ai écrit par une seule phrase. La Chine est un pays qui va vite mais les chinois marchent lentement.
