24/09/2009 à 16:09 - La magie des hutongs
Que les Chinois aient droit au modernisme est incontestable. Mais la destruction des hutongs a-t-elle conduite à une réelle amélioration des conditions d'existence des habitants ou bien s'est-elle soldée par le transfert de ces populations dans de lointaines banlieues, dans des bâtiments sans âme, type HLM, comme cela a été si souvent le cas chez nous lorsque les promoteurs immobiliers se sont empressés de détruire à tout va pour faire du profit ?
Vous connaissez le bilan calamiteux de la destruction du quartier des Halles à Paris ? Adieu les pavillons de Baltard, adieu les ruelles étroites et les immeubles biscornus. En lieu et place de tout cela, le « trou des halles » (devenu l'affligeant « forum » du même nom) et les centres commerciaux standardisés qu'on pourrait retrouver à Lyon à Pékin ou à New York ! Et au bout du compte, un quartier « moderne » tellement dégradé qu'il va falloir à nouveau détruire pour essayer de réparer les dégâts. Je crains fort que la frénésie immobilière qui s'est emparée de Pékin ne conduise au même type de catastrophe. On peut être malheureux y compris avec une salle de bain ! Le malaise des banlieues occidentales nous le montre tous les jours...
Encore une fois, il ne s'agit pour moi ni d'exotisme ni de nostalgie : je n'entends pas figer la Chine dans son passé, je constate seulement que certains habitants de ces quartiers – dont tant de grands romanciers chinois nous ont montré la vitalité - se désolent de leur démolition et auraient préféré un vrai travail de rénovation, plus soucieux des hommes que du profit. Peut-être pourrait-on se donner la peine de les entendre ? On peut être favorable à un urbanisme réfléchi, respectueux de l'histoire et de la culture d'un peuple sans faire partie des «intellos nostalgiques des pieds bandés » ; on peut même être un « intello » sans être nécessairement un sombre crétin ! A caricaturer comme vous le faites vos interlocuteurs, vous risquez fort de discréditer votre point de vue.