La grande voie sans limites du peintre sino-français Zao Wou-ki
Après cinq années de préparatifs, une exposition intitulée "La Grande Voie sans limites - rétrospective spéciale du centenaire de Zao Wou-ki" a récemment ouvert ses portes à l'Académie des beaux-arts de Chine, à Hangzhou. Cette exposition exceptionnelle présente 129 peintures à l'huile importantes de ce célèbre peintre, ainsi que plus de 230 oeuvres à l'encre, aquarelles, gravures, peintures sur porcelaine et documents connexes. Il s'agit de la plus grande et prestigieuse exposition d'oeuvres de Zao Wou-ki en Asie à ce jour.
L'exposition est organisée par le ministère chinois de la Culture et du Tourisme, la Fédération chinoise des cercles littéraires et artistiques et le gouvernement provincial du Zhejiang. Elle a été planifiée conjointement par l'Académie des beaux-arts de Chine et la Fondation Zao Wou-ki. L'exposition bénéficie d'un soutien spécial de l'Ambassade de France en Chine, de l'Ambassade de Chine en France et de l'Ambassade de Chine en Suisse. Elle se divise en six sections : "Deux traditions", "Intégration et symbiose", "Miroir d'autres montagnes", "Vitalité infinie", "Poésie et pittoresque" et "Devenir Wuji". Elle présente de manière systématique l'exploration artistique de Zao Wou-ki à travers différentes périodes et perspectives multiples.
Zao Wou-ki et son univers artistique
Zao Wou-ki a été admis en 1935 à l'Ecole d'art de Hangzhou, qui est aujourd'hui l'Académie des beaux-arts de Chine, où il a étudié auprès de maîtres de l'art moderne tels que Lin Fengmian, Wu Dayu et d'autres professeurs renommés. En février 1948, Zao Wou-ki s'est rendu en France pour ses études, et ses camarades Wu Guanzhong et Chu Teh-Chun de l'Ecole d'art de Hangzhou l'ont rejoint successivement à Paris. Ces trois étudiants exceptionnels, formés sous la tutelle de Lin Fengmian, étaient communément appelés les "Trois Mousquetaires en France" par les générations qui leur ont succédé. Leur parcours constitue une page magnifique de l'histoire de l'art chinois.
A Paris, Zao Wou-ki a été profondément influencé par des maîtres tels que Cézanne et Matisse. Leur influence a grandement contribué à sa capacité à maîtriser l'espace et à exprimer la liberté artistique.
Dans les années 1950, Zao Wou-ki a entrepris des voyages en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Ces expériences ont élargi ses horizons artistiques et ont eu un impact significatif sur son travail. Ses tableaux sont devenus de plus en plus vastes, tant sur le plan thématique que stylistique.
Les médias et les critiques d'art qualifient souvent les peintures de Zao Wou-ki de "majestueuses" et "vastes". Il a réussi à capturer de manière transcendantale les traditions artistiques des dynasties chinoises Tang et Song, grâce à sa profonde connaissance culturelle. Un jour, il a déclaré : "La manière dont j'utilise les pinceaux pour peindre des tableaux à l'huile est nourrie par la calligraphie chinoise, et je m'efforce d'obtenir une liberté spatiale dans mes peintures. Mon point de vue est un point de vue émotionnel à multiples facettes, à l'image de la peinture chinoise. J'aspire à exprimer une atmosphère de vide, de tranquillité et d'harmonie dans mes tableaux, et à transmettre un certain charme..."
Gao Shiming, président de l'Académie des beaux-arts de Chine, a observé que l'art de Zao Wou-ki puisait son inspiration dans les traditions de la civilisation chinoise tout en ouvrant de nouveaux horizons pour la peinture moderne. Ses oeuvres créent une atmosphère orientale unique dans l'histoire de l'art mondial. Elles ne sont ni strictement chinoises ni purement occidentales, mais plutôt un mariage harmonieux des deux influences. Elles transcendent les notions de passé et de présent, en étant à la fois anciennes et modernes. C'est la plus haute réalisation de l'échange culturel entre les civilisations orientale et occidentale dans le domaine de l'art moderne, faisant rayonner la brillante contribution de la civilisation chinoise contemporaine dans le monde de l'art mondial.
Envoyé culturel - "Construire des ponts" entre la Chine et la France
En décembre 2002, Zao Wou-ki a été élu académicien à vie de l'Académie des beaux-arts de France, devenant ainsi le deuxième peintre chinois à recevoir cet honneur après Chu Teh-Chun. Cheng Baoyi (François Cheng), premier académicien chinois de l'Académie française, a commenté sa création artistique en ces termes : "Il s'est engagé dans une exploration passionnante à long terme et s'est imprégné de la grandeur de l'art occidental. En même temps, il a également découvert les merveilles de la culture orientale."
L'année prochaine marquera le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Cette exposition, en tant que projet d'échange culturel entre les deux pays, se tiendra jusqu'au 20 février 2024. L'ambassadeur de France en Chine, Bertrand Lortholary, a déclaré : "Zao Wou-ki lui-même incarne et illustre l'amitié franco-chinoise, tout en étant un modèle d'intégration culturelle et de dialogue entre la Chine et l'Occident."
Zao Wou-ki, qui se décrit comme un "peintre sino-français", a déclaré : "Je suis influencé à la fois par la Chine et par mes nombreuses lectures étrangères. C'est pourquoi j'ai une certaine perspective sur la peinture à l'huile. La richesse de la culture chinoise m'a énormément aidé. On dit que le charme de la culture chinoise se reflète dans mes peintures... Mes oeuvres ont à la fois une touche occidentale et un style oriental. C'est une fusion naturelle qui ne peut être ni forcée ni artificielle."
La Grande Voie de Zao Wou-ki est sans contraintes
L'oeuvre majeure de Zao Wou-ki intitulée "Hommage à mon ami Henri Michaux, avril 1999 - août 2000 - Triptyque" est présentée dans le cadre de cette exposition. Yu Xuhong, directeur du Musée de l'Académie des beaux-arts de Chine et commissaire de l'exposition, a expliqué que cette oeuvre avait été créée pour célébrer le centenaire de la naissance d'Henri Michaux, ami proche de Zao Wou-Ki et célèbre poète français passionné de culture chinoise.
A travers cette oeuvre, Zao Wou-ki exprime son amiration pour les traditions culturelles chinoises. A l'époque, il a écrit des propos perspicaces, soulignant que la civilisation chinoise était vaste et profonde, offrant aux individus de larges voies et de multiples opportunités créatives. Selon lui, le moment était venu de saisir ces opportunités, car les grands changements étaient irréversibles.
Xu Jiang, vice-président de la Fédération chinoise des cercles littéraires et artistiques et président de la Fédération provinciale des cercles littéraires et artistiques du Zhejiang, a déclaré lors de la cérémonie d'ouverture de l'exposition : "Aujourd'hui, nous avons l'opportunité de contempler ses peintures, non seulement pour nous remémorer, mais aussi pour acquérir une compréhension approfondie de ses oeuvres. Nous y découvrons un véritable esprit paysager chez le maître, qui brise les conventions de l'abstraction. Il s'agit d'une fusion créative qui transcende l'art mondial et trace une voie distincte, indépendante des modèles est-ouest."
Il a poursuivi en disant : "Cette année marque le dixième anniversaire du décès de M. Zao Wou-ki, et la Chine et la France ont conjointement organisé une exposition commémorative en son honneur. Ses métaphores sur les montagnes, ses soupirs devant le cours de l'eau et son éloge de la droiture sont tous présents dans son oeuvre. En entendant parler de cette voie distincte, notre coeur est empli d'une profonde émotion. On pourrait dire que cette voie n'a pas de limites."