Musique : Yu Boya, Zhong Ziqi et le Gaoshan Liushui

Gaoshan Liushui est un classique chinois qui remonte à 2 000 ans. À l'aide du Guqin (un instrument à cordes traditionnel chinois), ce classique exprime non seulement la majesté des monts, le mugissement du vent dans la forêt, le murmure des ruisseaux et le tumulte des cours d'eau, mais décrit aussi les paysages naturels et les sentiments du soliste.

Il y a plus de 2 000 ans, Yu Boya, grand musicien du royaume de Chu et haut fonctionnaire du royaume de Jin (265-420), se rendit au Hubei où il logea sur les bords d'un cours d'eau. Un jour, après la pluie, au clair de lune, Boya joua de son Guqin pour exprimer ses sentiments à la vue du paysage. Cette belle musique fit accourir Zhong Ziqi, l'un des bûcherons locaux. Reconnaissant cet air, Zhong Ziqi ne put s'empêcher de fredonner : La haute montagne et L'eau de source. Boya fut très heureux de rencontrer un ami, et il lui fixa rendez-vous pour l'année suivante. À la mort de Zhong Ziqi, Boya fut profondément affligé. Il joua encore une fois cet air devant sa tombe. Pour remercier cet ami, il coupa les cordes de son Guqin, le cassa et fit le vœu de ne plus jouer de Guqin pour le restant de sa vie. Peu de temps après, il démissionna de ses fonctions et retourna dans son pays natal pour subvenir aux besoins des parents de Ziqi. Depuis lors, on considère comme des amis intimes deux personnes qui sont sur la même longueur d'ondes.

Boya éprouvait un profond respect pour la virtuosité et la noblesse de caractère de Zhong Ziqi. Il l'avait persuadé de quitter sa famille pour visiter ensemble des monts et des cours d'eau ou pour devenir un haut fonctionnaire. Respectueux du devoir de piété filiale, Zhong Ziqi avait toutefois décliné poliment l'invitation de Boya, sous prétexte de « respecter ses parents et de ne pas voyager au loin ». Au moment de leur séparation, Boya avait offert de l'or à Ziqi pour améliorer ses conditions de vie. N'oubliant pas les espoirs de son ami, Ziqi avait alors acheté beaucoup de livres. Par la suite, il coupa du bois le jour et fit assidûment des lectures, la nuit. Il est mort de fatigue à l'âge de 27 ans.

Dans la société féodale, Boya, un haut fonctionnaire, qui a noué des relations avec Ziqi, un bûcheron, fut vraiment un cas exceptionnel.

Même s'il était fort doué, Boya achevait ses créations musicales au prix de grands efforts. Pour perfectionner son art, il a même passé dix jours à étudier en solitaire sur une île déserte. Pour comprendre la véritable signification de la nature, il jouait et chantait face à la mer. Devenu un grand  musicien, son œuvre Gaoshan Liushui a réussi à combiner loi naturelle et passions humaines. La vitalité de ce classique tient à sa valeur artistique éternelle.