Li QingZhao

Li QingZhao 李清照 (1083 - 1151 ) poète chinois de la dynastie Song.

Li QingZhao naquit en 1083, au Shandong et passa son enfance à Jinan. Son père, lettré renommé, devait plus tard intégrer le Bureau des Rites, à la Cour. L'enfant, selon la tradition familiale — sa mère suivait elle-même les traces de son propre père, célèbre poète — manifesta très tôt des dons rares que son entourage remarqua et favorisa. Bientôt, rivalisant en vers avec les amis de ses parents, elle acquit, encore adolescente, une notoriété que, par chance, son mariage ne contraria pas, bien au contraire.

À dix-huit ans, elle épousa Zhao Mingcheng. Fils d'un brillant fonctionnaire appelé plus tard à jouer le rôle d'un Premier ministre, Mingcheng était un jeune lettré érudit, versé dans l'étude des bronzes archaïques alors nouvellement révélés à Anyang (au Henan). Li Qingzhao, qui faisait l'admiration de son beau-père, s'adonna plus que jamais à son art ; un cénacle lettré entourait le jeune couple tandis qu'un amour véritable naissait de cette passion partagée. Zhao Mingcheng, brillamment reçu aux examens, obtint très vite un poste à la Cour. Le couple s'installa donc à la capitale, Kaifeng. Ce fut, paradoxalement et presque aussitôt, le début des difficultés : dès 1102, le père de Li QingZhao dut s'exiler et attendre trois ans pour réintégrer enfin ses fonctions (1105) au Bureau des Rites. Puis le terrible jeu des factions frappa de nouveau : son beau-père, chassé du gouvernement (1107), en mourut promptement. La poétesse et son mari jugèrent alors prudent de quitter la ville, acceptant en province un poste plus modeste et plus sûr. Bien leur en prit et le bonheur, apparemment, fut au rendez-vous, lisible à travers de nombreux poèmes ainsi qu'un traité d'épigraphie rédigé ensemble, sans compter les enfants qui naquirent de leur union.

Mais au nord du Fleuve Jaune, la situation générale du pays empirait. La chute des Song du Nord (1126) et la création de la dynastie des Jin (par un peuple d'origine non-chinoise, les Jurchen) contraignit bientôt les époux à émigrer plus loin vers le Sud, jusqu'à Nankin. Ils s'y s'installèrent (1128), en ayant perdu, à leur grande tristesse, la plus grande partie de leurs collections de bronzes antiques — difficilement transportables — ainsi que les peintures, vendues pour survivre.

La vie reprit néanmoins, tandis que les Song reconstituaient peu à peu un gouvernement renaissant ; Zhao Mingcheng, recommençant une carrière, obtint un poste d'abord au Zhejiang, puis au Jiangxi. Mais ces drames et ces déplacements incessants avaient miné sa santé : il mourut (1129) sur le chemin de sa nouvelle affectation. Il avait quarante-huit ans.

Pendant ce temps, les Jurchen avançaient toujours, plus insatiables et menaçants que jamais ; Li QingZhao, veuve et désespérée, finit par se réfugier (1132) à Hangzhou, où la Cour chinoise venait enfin de se fixer. Elle s'y installa avec son frère qui, vraisemblablement, l'encouragea à contracter un second mariage : que pouvait, en effet, une femme seule, dépossédée de sa fortune, dans la société d'un temps si troublé ? Mais cette union tardive (la poétesse approchait de la cinquantaine) se révéla désastreuse : le nouveau conjoint se souciait peu de littérature et maltraitait son épouse ; celle-ci, n'ayant rien perdu de sa force morale, n'hésita pas à divorcer au bout de quelques semaines.

Elle passa le reste de sa vie seule, trouvant refuge dans une écriture de plus en plus désespérée, où la mélancolie de l'amour perdu répond au thème patriotique de la patrie martyrisée. Elle mourut en 1151.