Tudi, dieu du Lieu

En dessous des dieux des Murs et des Fossés (Chenghuang) , et subordonnés à eux, sont les dieux du Lieu, tudi. Ce sont de petits dieux chargés chacun d'un territoire plus ou moins grand. Presque chaque quartier, chaque rue des villes ou des villages, chaque hameau, en a au moins un, quelquefois plusieurs ; chaque temple, chaque bâtiment public a le sien. Celui des yamen des fonctionnaires est, au Sichuan, enterré au milieu du premier pavillon de la salle de justice : on l'appelle le Dieu du Lieu Enquêteur, et il écoute et enregistre les témoignages et les jugements, de façon à faire son rapport chaque année sur la conduite officielle des mandarins. Il y en a pour chaque pont, il y en a pour les champs, etc. Les plus importants sont ceux des villages ; mais, en beaucoup d'endroits, bien qu'ils n'aient officiellement que le titre de Dieu du Lieu, tudi, on les désigne couramment du titre de Dieu des Murs et des Fossés, chenghuang, et, bien que ce titre soit, étymologiquement, répréhensible, il répond exactement au rôle du dieu patron du village, qui est le même que celui de dieux patrons des villes administratives.

Les dieux du Lieu sont parfois des personnages célèbres : au XIIIe siècle, alors que la capitale de la dynastie Song était à Hangzhou, la Grande École officielle ayant été installée dans la maison qu'avait habitée le général Yue Fei, c'est lui qui y était adoré comme Dieu du Lieu ; pour la même raison, un grand temple bouddhique de Huzhou avait pour Dieu du Lieu un grand écrivain du VIe siècle, Shen Yue. Aujourd'hui (ou du moins il y a quelques années avant la chute de la dynastie mandchoue), le Dieu du Lieu de l'Académie, Hanlin yuan, à Pékin, était le célèbre Han Yu, un des plus grands poètes de la dynastie des Tang, qui vécut aux confins du VIIIe et du IXe siècle.

Le rôle de ces dieux est analogue à celui des dieux des Murs et des Fossés, mais ils sont subordonnés à ceux ci. Ils tiennent le registre de toutes les personnes de leur circonscription ; c'est pourquoi on va leur annoncer tout décès qui survient : un groupe de femmes de la famille s'en vont en pleurant, le soir qui suit la mort, précédées d'un homme qui porte une lanterne, jusqu'à la pagode du dieu et brûlent de l'encens et du papier d'argent, puis elles reviennent à la maison toujours en pleurant.