Mariage chinois dans la Chine ancienne


Scène de mariage de la dynastie Qing. Les parents sont assis.
La mariée porte un chapeau bleu, présentant le thé à la mère.

Le mariage chinois 婚姻 (hūn yīn) est un rituel cérémonial qui nécessite des arrangements préalables entre les familles. La culture chinoise tolère l'amour romantique et la plupart des citoyens sont monogames.

ETYMOLOGIE

Dans les écritures anciennes, ce mot 婚姻 indiquait que la cérémonie du mariage se déroulait le soir, signe de richesse à l'époque. Selon un dictionnaire des caractères anciens,因 (yīn) signifie « gentillesse », « amour » et « harmonie », piliers de la vie de couple.

LE MARIAGE DANS UN CONTEXTE CONFUCEEN

Dans la pensée confucéenne, le mariage a une grande signification, tant pour les familles que pour la société. L'inceste était défini traditionnellement comme le mariage entre personnes du même nom de famille. Or le mariage doit rassembler des familles de noms différents et ainsi donnée une lignée au clan paternel. Pour cette raison, il est préférable de donner naissance à un garçon plutôt qu'à une fille. Les bienfaits ou les dégâts d'un mariage touchent les deux familles, et pas seulement le couple. Plusieurs fois, des mariages ont affecté la stabilité politique du pays et les relations internationales. Depuis la dynastie Han, les dirigeants de certaines tribus puissantes étrangères, comme les mongoliens, les mandchous, les xiongnu et les turcs demandent en mariage des femmes de la famille impériale. C'est ainsi que plusieurs fois au cours de l'histoire de la Chine, ce furent les familles des femmes ou des mères de l'empereur qui dominaient. Le mariage peut donc avoir une incidence sur la politique.

LE MARIAGE CHINOIS PREHISTORIQUE

Le mariage dans les sociétés primaires

Dans la pensée traditionnelle chinoise, les gens dans la société « primitive » ne se mariaient pas, mais avaient des relations sexuelles entre eux, et sans aucune distinction. Ils vivaient comme des animaux, et n'avaient pas acquis le concept de maternité, paternité, fraternité, de mari et femme, sans parler de mariage arrangé ou encore de cérémonie de mariage. La mission de « civilisation » confucéenne s'est donné le rôle de définir ce que voulait dire être père ou mari, d'apprendre aux gens à respecter les liens familiaux et aussi à maitriser leurs comportements sexuels.

Le mariage entre frère et soeur

Le mariage entre frère et soeur, bien qu'interdit dans la culture chinoise, est évoqué dans la mythologie chinoise. Il y a une histoire de mariage entre Nüwa et Fu Xi qui étaient frère et soeur. A cette période, il n'y avait personne sur la terre. Ils voulaient se marier mais ils avaient honte. Ils se sont donc rendus à Kunlun Shan (chaîne de montagnes) et ont invoqué les cieux. Ils ont demandé la permission du Ciel pour se marier et ont dit : « Si vous nous autorisez à nous marier, que la nuée nous entoure ». Le Ciel donna sa permission, et rapidement le somment fut recouvert de brouillard. On raconte que pour dissimuler sa timidité, Nüwa s'est caché le visage avec un éventail. Encore aujourd'hui, il y a des villages où la mariée se cache le visage avec un éventail.

Le mariage inter-clan et le mariage antithétique

Dans la société chinoise, les hommes ne doivent pas épouser une femme qui porte le même nom. Cela est considéré comme un inceste et produisant des naissances anormales. Par contre le mariage d'un homme avec un proche parent de la mère n'est pas vu comme un inceste. Plusieurs clans ont plus d'un seul nom. Au cours de l'Histoire, il y a eu beaucoup de clans le long de la rivière Jaune, comme la tribu Huang Di portant le nom Ji, et la tribu Yang Di du nom Jiang. Les mariages avec un parent proche du côté maternel étant tolérés, ces familles se sont souvent mariées entre elles d'une génération à l'autre.

Avec le temps, la population chinoise est devenue de plus en plus mobile. Et les mariages extra-clans, c'est-à-dire des mariages antithétiques sont alors apparus à la période néolithique, 5000 ans avant JC. Selon des études modernes chinoises, à tendance marxiste, le modèle matriarcal dominait dans cette société, puisque les maris devaient aller vivre chez la famille de la femme. Cependant, chaque personne restait membre de sa famille biologique. Lorsque le couple mourait, ils étaient enterrés séparément, dans le cimetière respectif de leurs familles. Les enfants étaient enterrés avec leur mère. Les mariages antithétiques existent toujours en Chine. A Yunnan, les Mosuo ont ce qu'on appelle un « walking marriage ». L'homme quitte la maison de sa mère le soir pour rejoindre la femme qu'il aime (elle-même vivant aussi sous le même toit que ses parents), mais ils ne sont pas liés par un mariage, donc ils peuvent mettre fin à leur relation librement.

Le mariage maternel et la monogamie

En cas de mariage maternel, le gendre va vivre dans la maison de sa femme. C'est ce qui s'est passé lorsque le mariage antithétique s'est transformé en mariage monogame, signe du déclin matriarcal et de la montée en puissance de la patriarchie dans la Chine antique.

LES RITUELS TRADITIONNELS DE MARIAGE

Le mariage chinois est devenu une coutume entre 402-221 avant JC. Malgré la longue histoire chinoise et les différentes régions, il y a six rituels de base qu'on retrouve partout : les trois lettres et les six étiquettes.

Les trois lettres

- La lettre de demande est envoyée de la part de la famille du futur marié à la famille de la jeune fille, c'est une demande en mariage officielle.
- La lettre de présent accompagne les cadeaux qu'offre la famille du futur marié à la future épouse, juste avant le mariage.
- La lettre de mariage, donnée le jour du mariage, rend officielle l'entrée de l'épouse dans la famille du marié.

Les six étiquettes

- La demande en mariage : les parents d'un garçon non-marié rencontrent une belle fille potentielle. Puis ils entrent en contact avec une entremetteuse qui aura pour rôle d'apaiser tous les conflits d'intérêts, et d'atténuer la gêne quant à la discussion d'un possible mariage entre les deux familles qui ne se connaissent pas.
- Les dates de naissance : si la famille de la potentielle belle-fille ne rejette pas la demande, alors l'entremetteuse doit comparer les dates de naissance. Si selon l'astrologie chinoise, le couple est compatible, ils pourront passer à l'étape suivante.
- Le cadeau à la fiancée : la famille du futur marié fait en sorte que l'entremetteuse transmette le cadeau et la lettre de présent à la famille de la fiancée.
- Les cadeaux de mariage : la famille du futur marié fait parvenir un assortiment raffiné de nourriture, de gâteaux et d'objets religieux à la famille de la jeune fille.
- Arrangement du mariage : les deux familles se mettent d'accord sur une date, le jour qui portera le plus chance au couple, toujours selon l'astrologie chinoise.
- La cérémonie du mariage : c'est le rituel final où le jeune homme et la jeune femme deviennent un couple marié. Ce dernier rituel comprend plusieurs parties :
- Le cortège de mariage : le cortège part de la maison de la mariée pour se rendre à celle du marié. Le cortège est composé du palanquin de la mariée, de celui des demoiselles d'honneur s'il y en a, et de la dot de l épouse sous une autre forme que l'argent, le tout accompagné par un orchestre traditionnel.
- L'accueil de la mariée : le cortège s'arrête à la porte de la maison du futur marié (dans certaines cérémonies, selon les régions, le cortège entre dans la maison).
- La cérémonie de mariage : elle est similaire aux cérémonies des échanges des voeux des pays de l'ouest. Le couple promet devant le Ciel et la terre de respecter les parents du futur marié et de se respecter l'un et l'autre.
- Banquet de mariage : il est appelé xǐ-jǐ, ce qui veut dire ‘vin joyeux'. En effet le vin est parfois plus important que le banquet lui-même, tel que dans les cérémonies où l'épouse présente du thé et du vin aux parents, à l'époux et aux invités.

Autrefois, les femmes n'étaient pas autorisées à choisir la personne avec qui elle se mariait. C'est sa famille qui choisissait un mari. Les mariages étaient organisés selon les besoins de reproductions et d'honneur (besoin d'un père ou d'un mari).

PROCEDURE TRADITIONNELLE DE DIVORCE

Dans la société traditionnelle chinoise, il y a trois manières principales pour dissoudre un mariage.

La première est un divorce sans faute. Selon le code légal de la dynastie Tang, un mariage peut être dissout à cause d'une incompatibilité de personnes. Le mari doit alors formuler une demande écrite de divorce.

La deuxième nécessite une annulation mandatée de l'Etat (义绝). Cela s'applique lorsqu'un des époux a commis un crime sérieux contre l'autre époux ou sa famille (particulièrement la feme). Le mari doit alors déclarer un divorce unilatéral. Cependant pour que celui-ci soit reconnu légalement, il doit être basé sur une de ces sept raisons :

- La femme a manqué de respect envers sa belle famille, cette dernière pouvant annuler le mariage sur cette simple raison et sans l'accord des époux.
- La femme ne parvient pas à donner un fils
- La femme est vulgaire ou adultère
- La femme est jalouse, cela s'applique au fait qu'elle puisse refuser que son mari prenne une autre femme ou une concubine
- La femme est atteinte d'une maladie infâme
- La femme est une commère
- La femme a commis un vol

Ses raisons sont « malléables », selon la convenance du mari et de sa famille. Cependant, il y a trois exceptions qui excluent le divorce unilatéral :

- La femme n'a aucune famille chez qui retourner vivre
- Elle a porté un deuil de trois ans pour un membre de sa belle famille
- Son mari était pauvre lors du mariage mais est devenu riche

Cette loi était appliquée lors de la dynastie Tang mais a été abolie par le code civil de la République populaire de Chine en 1930.

LA POLYGAMIE

La culture traditionnelle n'interdit, ni n'encourage explicitement la polygamie, sauf pour avoir un enfant mâle.

Il est plus souvent question de polygynie : un homme qui a plusieurs femmes.

Cette pratique rencontre ses limites du fait du faible nombre de femmes disponibles, et aussi des moyens financiers de l'homme. En effet, il doit être en mesure de pourvoir aux besoins de ses femmes. Pour cette raison, la polygynie est une pratique réservée aux classes supérieures. Finalement, la majorité chinoise est monogame. Les écrits historiques pourraient laisser penser que la polygamie était très répandue, mais le fait est, que c'est l'élite et ses pratiques qui y sont largement représentés.

Le mariage sororal

Cette coutume permet à l'homme d'épouser la ou les soeur(s) de son épouse. Cela fut étendu aux cousines et femmes du même clan par la suite. Le mot chinois 娣 signifie jeune soeur (娣) et coépouse( 媵). Il peut l'épouser en même temps que sa première femme, plus tard alors qu'elle est toujours en vie, ou encore après la mort de sa femme. Cette pratique était fréquente parmi la noblesse de la dynastie Zhou.

MULTIPLES FEMMES AVEC UN MEME STATUT

Il est reconnu que les empereurs de dynasties mineures avaient plusieurs impératrices.

Ce statut a été créé pour des circonstances particulières. Par exemple en temps de guerre, un homme pouvait malencontreusement croire que sa femme était morte. Il se remariait, et finalement il découvrait que sa première femme était toujours en vie. Une fois tous réunis, les deux femmes devaient être reconnues.

L'empereur Qianlong de la dynastie Qing commença à autoriser la polygamie dans un but spécifique : engendrer des héritiers dans une autre branche de la famille. C'est « l'héritage multiple ». Par exemple, si un homme est le seul fils de son père, et que son oncle n'a pas de fils, après un accord mutuel, ce fils peut prendre une femme en plus. Et lorsqu'un fils naît de ce genre d'union, il devient le petit fils de l'oncle, et ainsi son héritier.
Cette autorisation permettait qu'un mâle portant le nom de la famille soit engendré, mais elle servit aussi à résoudre un dilemme que l'empereur lui-même avait créé. Il avait banni toute forme d'héritage qui ne fût pas patrilinéaire, par souci de préserver un ordre dans la parenté chinoise. Donc un couple qui n'avait pas de fils, ne pouvait pas en adopter un dans la famille, même éloignée. Il pouvait en adopter un de l'extérieur (très mal vu par certains qui considéraient que c'était transmettre les richesses familiales à un étrangers de la famille), ou alors devenir sans héritier. Les mariages dans le cadre du multiple héritage étaient une issue lorsque le frère du mari avait un fils.

LE CONCUBINAGE

Les femmes, dites concubines sont moins bien traitées et doivent être soumises à la femme officielle (s'il y en a une). Ces femmes n'ont pas été épousées au cours d'une cérémonie officielle, elles ont moins de droits et peuvent être quittées de manière arbitraire. Elles sont généralement issues de milieux modestes, ou ont été achetées comme esclaves. Les femmes qui se sont enfuies deviennent aussi des concubines, car le mariage officiel exige le consentement des parents.

Le nombre de concubines peut être régulé, cela dépend du rang social de l'home. Les empereurs ont toujours eu plusieurs concubines royales.

Il existe une forme différente de concubinage, appelée « les deux principales femmes ». Traditionnellement, la femme est supposée vivre avec la famille de son mari. Si le mari doit partir, elle doit tout de même rester s'occuper de la famille de son époux. Un homme qui est régulièrement éloigné de sa femme, comme un marchand itinérant, peut ‘épouser' une deuxième femme et s'installer dans un deuxième foyer. Du fait de la séparation géographique, la deuxième femme se considère comme une épouse à part entière en ce qui concerne les questions pratiques. Mais ce mariage n'est pas officiellement reconnu, et elle a le statut d'une concubine. En Chine, dans le cas spécifique où la première femme ne parvient pas à avoir un fils, le mari est autorisé prendre une deuxième femme grâce au concept des sing-song girls (courtisanes).

La Chine a connu une vague de polygamie avec cette pratique. Depuis l'ouverture des frontières en 1970, les hommes d'affaires de Hong Kong et de Taiwan, ont pris des femmes sur le continent chinois. Cette pratique s'est étendue aux hommes locaux affluents.

Selon la loi criminelle chinoise, une personne mariée qui quitte son foyer pour vivre avec son amant, est accusée de bigamie.

LA POLYANDRIE

La polyandrie (une femme qui a plusieurs maris), est une pratique considérée immorale, interdite par la loi, et rare. Cependant, certains hommes pauvres sont amenés à louer ou laisser en gage leur femme temporairement.