Pétards (bianpao) dans la culture chinoise

Le bruit des pétards est une caractéristique du Nouvel An chinois et de nombreuses occasions festives. En effet, depuis près de deux millénaires, il est de mise de faire exploser des pétards pour chasser les démons et implorer la paix et le bonheur pour la nouvelle année.

Selon les époques et les régions, les pétards ont porté différents noms. Au début, bien avant l'invention de la poudre à canon, les pétards étaient utilisés pour effrayer les bêtes sauvages, particulièrement un animal mytique appelé Nian (ce mot signifie maintenant année), qui apparaissait régulièrement à la fin de l'hiver ou au début du printemps, causant beaucoup de frayeur parmi les habitants. Les gens brûlaient alors des bâtons de bambou sec pour produire le son de l'explosion. Les premiers pétards étaient ainsi appelés baozhu (bambou qui craque).

Après l'invention de la poudre à canon, on a utilisé cette poudre pour remplir des tubes de bambou; une fois allumée, elle produisait une grosse explosion. Les pétards ont alors été appelés baozhang (bâtonnets explosifs), un nom encore en vogue dans certaines régions. Selon l'œuvre "Origine des choses", de la dynastie des Song (960-1279), le premier scientifique à avoir utilisé la poudre à canon pour les pétards a été Ma Jun, durant la période des Trois Royaumes (220-265).

Les baozhang ont conduit aux premiers pétards enroulés dans du papier, mais ces derniers ne produisaient qu'une seule explosion. Puis, il y a eu les pétards à deux explosions (ertijiao) et les pétards en chaîne (bianpao) qui ont été des innovations subséquentes, tout comme les fusées, les feux d'artifice et les nombreux explosifs chimiques aux multiples couleurs.

Règle générale, ce sont les adultes qui allument les pétards en les tenant soit dans leurs mains, soit en les suspendant à une tige de bambou avant de les allumer. Les enfants aiment particulièrement ce moment. Parmi eux, les plus timides se bouchent les oreilles, alors que les plus braves aiment aider les adultes. L'explosion cause toujours une grande joie.

Dans le Pékin d'autrefois, lorsqu'une famille tirait des pétards, les voisins sortaient pour profiter du spectacle, ce qui aidait à renforcer les liens d'amitié. Les gens disaient alors "Bao he zhulin" (les pétards font vivre les voisins dans la paix et l'harmonie).