Homosexualité en Chine

L'homosexualité en Chine et son Histoire.

Dans la Chine ancienne

Dans la Chine ancienne, la pédérastie était la forme la plus répandue de l'homosexualité. Il s'agissait principalement d'une relation intime et parfois amoureuse entre un homme adulte et un adolescent. Dans les siècles qui suivirent, la littérature populaire chinoise raconte et décrit ces histoires d'amour masculines.

C'est sous la dynastie des Shang (entre le 16ème et le 11ème siècle avant J.-C.) que l'on trouve les premières traces écrites d'histoires d'amour entre hommes. On découvre à travers d'innombrables documents historiques que les relations homosexuelles étaient l'apanage de nombreux empereurs, princes et hauts dignitaires. Ainsi, des recueils historiques on apprend par exemple que l'une des légendes les plus célèbres sur l'homosexualité, remonte à la dynastie des Zhou (-1122 à -256). Celle-ci raconte l'histoire d'amour entre le duc Ling de Wei et son amant Mizi Xia. Comme preuve d'amour, Mizi Xia offrit une pêche savoureuse dans laquelle il avait croqué, au duc, oubliant sa propre faim. C'est de cette légende que l'expression « pêche partagée » ou « Fen Tao » désignant l'homosexualité, est née.

Mais l'une des histoires les plus influentes est celle racontée par le célèbre poète Qu Yuan sur la grande amitié entre l'empereur Liu Xin et son amant Tong Hsien (-6 à-2 avant J.-C.). Dans ce long poème, Qu Yuan fait l'éloge de la beauté masculine et raconte comment l'empereur Xin a préféré couper les manches de son manteau impérial plutôt que de réveiller son amant qui s'était endormi dessus. C'est ainsi que l'expression « manches coupées » ou « Duan Xiu » est devenue un terme désignant l'homosexualité aujourd'hui.

Plusieurs romans, narrant des histoires d'amour et des relations homosexuelles, sont devenus des grands classiques de la littérature chinoise, tels que « Au bord de l'eau » (amitié masculine durable mais platonique), « Le rêve dans le pavillon rouge » de Cao Xueqin (décrivant une relation intime plus érotique) ou encore « Chronique d'un loyal amour » (décrivant un académicien de 20 ans courtisant un élève de 15 ans). Parfois, c'est à travers des métaphores poétiques que certaines relations entre hommes y sont librement décrites.

Les traces écrites concernant les relations entre femmes ou le lesbianisme dans cette littérature, sont très rares. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela : le manque de liberté des femmes de l'époque, le peu de considération portée à leur égard ou encore une littérature chinoise traditionnellement écrite par des hommes pour des hommes.

Aussi étonnant qu'il n'y paraisse, l'homosexualité dans la Chine ancienne était plutôt tolérée, à défaut d'être entièrement acceptée. En effet, elle ne pouvait pas être totalement intégrée au mode de vie de l'époque car la pensée confucéenne était déjà d'actualité. Selon cette pensée néo-confucéenne, l'homosexualité pouvait être considérée comme étant un besoin sexuel naturel. Tant que l'homme accomplissait son rôle et ses devoirs envers sa famille (se marier et fonder une famille), ses amitiés masculines n'étaient pas condamnées. Bien que le taoïsme présente la relation homme-femme comme l'équilibre parfait entre le Ying et le Yang, il ne condamnait pas le désir sexuel entre personnes du même sexe. Le taoïsme considère que chaque homme (Yang) possède une part de féminité (Yin) qu'il se doit d'exprimer d'une façon ou d'une autre.

Chronologie

C'est vers la fin de la dynastie Ming (1368-1644) qu'une intolérance vis-à-vis de ces relations commence à particulièrement se faire sentir. Cette époque a vu pourtant l'apparition et l'apogée de la prostitution masculine. L'application plus stricte et plus sévère des préceptes néo-confucéens, obligeaient hommes et femmes à respecter les liens sacrés de l'union conjugale. Les relations extraconjugales étaient donc bannies, qu'elles soient homosexuelles ou non. L'interdiction fut généralisée à toute la Chine.

En 1740, le statut des homosexuels prend une tournure radicale puisque le premier décret anti-homosexualité est promulgué, désignant la pratique des actes sexuels entre personnes du même sexe comme illégale.

Dans les années 30 à 40, l'homosexualité est considérée comme un crime condamnable. La persécution fût particulièrement virulente durant la Révolution Culturelle (1966-1976). La désobéissance à l'ordre moral imposé pouvait entraîner la peine de mort. Selon les études, un grand nombre d'homosexuels de cette génération se sont mariés pour sauver les apparences. Si cette phase marque le début de l'homosexualité clandestine et souterraine, c'est aussi le début de l'indifférence et de l'ignorance.

Après les années 1990

En 1997, la sodomie est décriminalisée mais l'homosexualité passe du statut de « crime » au statut de « maladie psychiatrique ».

Les années 2000 marquent l'entrée de la Chine dans l'ère moderne et la mondialisation mais la place de l'homosexualité est encore floue. Le gouvernement chinois préfère d'ailleurs s'aligner sur les valeurs morales du plus grand nombre.

En 2001, l'homosexualité est retirée de la liste des maladies mentales en Chine.

L'importance de la famille dans la culture chinoise est tellement présente, qu'un concept récent a vu le jour en Chine. Il consiste à mettre en relation des homosexuels et des lesbiennes afin d'arranger des mariages dans le but de présenter un conjoint ou une conjointe aux parents, à la famille et aux collègues de bureau. Ce concept appelé « Xing Hun » connaît un succès retentissant. Le but recherché est simple : pouvoir vivre sa vie amoureuse tout en ayant le sentiment d'avoir accompli ses devoirs familiaux. Généralement, les couples mariés ne vivent pas ensemble sauf dans le cas où il y a désir d'enfants.