Chinois et Sino-Américains à Hollywood

Hollywood a souvent eu une vision réductrice de la Chine qui est allée de pair avec les stéréotypes sino-américains (les sino-américains travaillant dans les cuisines et de blanchisseries, fumeurs d'opium occasionnels et, plus récemment maîtres des arts martiaux ). Les plus célèbres chinois et sino-américains illustrés à Hollywood sont des caricatures : Fu Manchu, par exemple, et Charlie Chan.

Au sein de l'industrie cinématographique elle-même, la place des sino-américains a été limité mais a eu des heures fastes. Ainsi James Wong Howe (1899-1976), qui fut deux fois lauréat d'un Oscar, était un immigrant chinois ainsi que l'un des plus grands cinéastes de l'âge d'or d'Hollywood.

Dès 1916, l'actrice Marion Wong, une sino-américaine, joua de façon remarquable dans "The Curse of Quon Gwon". Par la suite, au cours de la seconde guerre mondiale, les acteurs chinois vont être massivement employés pour jouer les méchants Japonais.

De nombreux rôles de personnages chinois sont joués avant et après guerre par des américains, car on estime que les acteurs d'origine chinoise ne feront pas déplacer les foules. Ainsi Christopher Lee va interprété à cinq reprises Fu Manchu (la caricature du méchant chinois, génie du mal et symbole du « péril jaune »). Les films d'Hollywood de l'époque véhiculent alors un certain racisme antichinois.

De même, aucun des acteurs qui ont joué Charlie Chan à l'écran, n'est chinois ou même asiatique. Des acteurs comme Boris Karloff, Anthony Quinn, Tony Randall, et Katharine Hepburn ont joués des rôles de personnages chinois au cinéma, alors que les acteurs et actrices d'origine chinoise ne manquaient pas aux portes des studios Hollywoodiens..

"Le Monde de Suzie Wong" (1960) et "Flower Drum Song" (1961), avec sa star, la très belle Nancy Kwan, marquent le retour des sino-américains dans le cinéma hollywoodien. Cependant, malgré quelques succès Hollywood garde ses distances, notamment pour des raisons politiques, nous sommes alors en pleine guerre froide.

Cette situation va plus ou moins perdurer jusque dans les années 80. La richesse du cinéma de Hongkong et Taiwan ainsi que l'apparition sur la scène internationale d'une puissante industrie cinématographique en chine continentale, vont aiguiser l'appétit des studios hollywoodiens.

Le style du cinéma hongkongais devient le lien véritable entre Hollywood et la Chine. Hollywood fait alors de plus en plus appel à des spécialistes hongkongais pour ses films d'actions notamment : ainsi le film Matrix est chorégraphié par Yuen-Woo-Ping tandis que l'on fait appel à Cheung-Yan Yuen, pour le film Charlie et ses drôles de dames .

Aujourd'hui on assiste à un véritable retournement de situation. Des réalisateurs comme Ang Lee ou John Woo sont accueillis bras ouverts à Hollywood et on ne compte plus les films des studios hollywoodiens où jouent des stars chinoises (Jacky Chan, Gong Li etc...).

Pourtant on peut s'interroger sur l'absence de star sino-américaine (mis à part Lucy Liu) dans les grandes productions hollywoodiennes. Il est de nos jours plus facile de percer à Hollywood en étant une star chinoise, qu'un acteur sino-américain. Au delà de l'aspect cinématographique, c'est la question de la place des américains d'origine chinoise dans l'histoire et la société des Etats-Unis qui se pose.