Grande Muraille de Chine

En 220 av. J.-C., sous Qin Shihuangdi, des sections de fortifications antérieures ont été reliées pour former un système de défense unifié contre les invasions venant du nord. La construction s'est poursuivie sous la dynastie des Ming (1368-1644), alors que la Grande Muraille de Chine est devenue la plus grande structure militaire du monde. Son importance historique et stratégique ne peut rivaliser qu'avec sa signification architecturale. Ce site a été inscrit au patrimoine mondial en 1987. − Comité du patrimoine mondial, Unesco.

Le sommet du tronçon de Simatai

La construction de la Grande Muraille a commencé aux IXe et VIIIe siècles av. J.-C., et elle s'est poursuivie pendant plus de 2 000 ans. Si on faisait le total de toutes ses constructions et de ses divers tronçons qui s'étirent dans la vaste région de la Chine du Nord et du Centre, la Grande Muraille s'étendrait sur une longueur de plus de 50 000 km (100 000 li). En effet, les registres historiques montrent que depuis les Royaumes combattants, plus de 20 États féodaux et dynasties impériales ont commencé la construction de murs de défense. En d'autres mots, on a utilisé plus de briques, de pierres et de terre qu'il n'en faut pour construire une route moderne de dix mètres de largeur et de cinquante centimètres d'épaisseur et qui ferait dix fois le tour de la planète. Ces données stupéfiantes font que la Grande Muraille mérite bien sa réputation de « huitième merveille du monde ».

Un exploit de l'histoire humaine

La construction de la Grande Muraille remonte à la dynastie des Zhou, au IXe siècle av. J.-C., alors que l'empereur Xuandi a fait bâtir des murs de défense dotés de tourelles pour protéger le pays des Barbares du Nord. Durant les Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), les seigneurs ont aussi fait construire leurs murs pour préserver leur portion de pays. À cette époque, la longueur des murs n'était pas très élevée, de quelques centaines à quelques milliers de mètres seulement. Pour les distinguer des 10 000 li construits par les empereurs Qin, les historiens les qualifient de « murs pré-Qin ».

En 221 av. J.-C., l'empereur des Qin a conquis les six autres États et a unifié le pays. Pour renforcer cette unité et préserver la paix que les Hun tentaient de perturber, il a envoyé le général Meng Tian pour écarter ces envahisseurs, et il a mobilisé 300 000 travailleurs pour relier les murs des six États. La Grande Muraille des Qin commençait dans l'ouest, dans la province du Gansu, pour traverser la région autonome hui du Ningxia, les provinces du Shaanxi et du Shanxi, la région autonome de Mongolie intérieure et les provinces du Hebei et du Liaoning pour se terminer dans le fleuve Yalu. Elle s'étendait donc sur 5 000 km ou 10 000 li (7.300 km selon d'autres sources).

L'empereur Wudi des Han a également fait effectuer différentes constructions de la Grande Muraille pour protéger les régions le long du grand coude du fleuve Jaune. La Grande Muraille des Han a atteint 10 000 km. On peut découvrir ses vestiges le long d'une ligne allant de la région autonome ouïgoure du Xinjiang à la province du Hebei. La route de la Soie longeait la muraille pour la moitié de son trajet. La construction de la muraille a aussi continué pendant les dynasties suivantes. Étant donné les invasions des Tartares et des Oïrats mongols, la dynastie des Ming a commencé des travaux de rénovation qui ont duré 200 ans. La Grande Muraille que l'on voit aujourd'hui est pour l'essentiel la muraille des Ming, allant de Shanhaiguan (la passe Shanhai), à l'est, à Jiayuguan (la passe Jiayu), à l'ouest, sur une longueur de 5 660 km. Durant le règne de l'empereur Kangxi des Qing, la construction de grande envergure a pris fin, mais certains ouvrages ont continué au plan local. On peut dire que la construction de la Grande Muraille n'a jamais été interrompue complètement en 2 000 ans, soit de l'époque des Royaumes combattants à la dynastie des Qing.

Les registres historiques indiquent que, durant la dynastie des Qin, la construction a rassemblé des centaines de milliers de paysans, en plus des 300 000 à 500 000 soldats mobilisés, et au plus fort des travaux, il y a eu quelque 1,5 million de personnes.

Un système de défense complet

La Grande Muraille n'est pas seulement un mur, mais un système de défense intégré de divers murs, tours de guet et tours de feu de signalement sous le contrôle d'échelons militaires définis. Par exemple, sous les Ming, il y avait neuf sections relevant de différentes responsabilités militaires que l'on qualifiait de « Neuf Défenses vitales aux frontières ». On assignait un commandant, relevant directement du ministère national de la Défense, à chaque défense. En tout, environ un million de soldats ont été déployés le long de la Grande Muraille pour préserver la nation. Au cours des 2 000 ans de construction de la muraille, le peuple chinois a appris beaucoup sur les ouvrages de défense (harmonisation avec la topographie, localisation des forces militaires, matériaux de construction, etc.)

Le format des murs a varié selon les exigences de la topographie et de la défense. Dans les plaines et les passages stratégiques, les murs étaient très hauts et solides, alors qu'ils étaient bas et étroits dans les montagnes élevées et abruptes pour réduire les coûts en argent et en labeur. Dans les lieux qualifiés « d'impossibles », les crêtes de montagnes tenant lieu de murs étaient incluses, et on les a qualifiés de « murs de montagne abrupte »; dans d'autres cas, ces crêtes étaient découpées en falaises et on en parlait comme des « murs de montagne coupée ».

Dans certains endroits comme Juyongguan ou le tronçon de Badaling, règle générale, les murs ont sept à huit mètres de haut, quatre à cinq mètres d'épaisseur dans leur partie supérieure et six à sept mètres dans le bas. À l'intérieur de la partie supérieure, il y a un rempart parapet d'un mètre qui empêchait les soldats de tomber, des créneaux de deux mètres de haut, ainsi que des orifices pour tirer ou lancer des pierres. Dans les sections stratégiques, la partie supérieure est bloquée par une série de murs transversaux pour empêcher l'ennemi de grimper. Durant la dynastie des Ming, le général Qi Jiguang, célèbre pour avoir défait des pirates japonais, a amélioré beaucoup le système de défense de la Grande Muraille, en y ajoutant des tours de guet et des entrepôts d'armes et de munitions.

Les passes sont des points stratégiques défensifs tout au long de la muraille. Un dicton révèle : « Un seul soldat dans une passe suffit à stopper une armée », ce qui illustre bien leur importance. La Grande Muraille des Ming avait près de 1 000 passes, et les principales villes à proximité supervisaient des passages de moindre importance, tels que la dizaine de ceux près de Shanhaiguan.

Les tours de feu de signalement formaient l'un des composants essentiels du système de défense et un moyen efficace de transmettre les informations militaires. Bien que ce moyen eut été utilisé bien avant, la Grande Muraille en a tiré un meilleur parti et l'a perfectionné. On utilisait la fumée comme signal durant le jour et le feu, la nuit. Le nombre des envahisseurs était rapporté en utilisant un nombre spécial de feux ou de fumée. Durant les Ming, des sons d'explosion ont été ajoutés pour renforcer l'effet.

En tant que système de défense, la Grande Muraille traverse des montagnes, des déserts et des prairies, des falaises et des rivières et harmonise sa structure à la complexité de la topographie. C'est une merveille d'architecture ancienne. Dans le désert, où le sable est abondant et où les pierres et les briques étaient inexistantes, la Grande Muraille des Han a ingénieusement combiné le conglomérat résistant à la pression avec les branches de saule rouge qui résistent à l'étirement. Dans le plateau de lœss, la Muraille a été construite à partir de terre battue ou de briques d'argile. Durant les Ming, on a empilé des pierres, des briques ou les deux. La surface était pavée, de manière à ce que l'herbe ou les arbres ne poussent pas dans les interstices. Les douves protégeaient la muraille contre les effets néfastes des pluies.

Un trésor culturel et un monument commémoratif

La Grande Muraille est un jalon de l'histoire de Chine qui illustre la culture et l'art qui se sont déployés pendant plus de 2 000 ans. En plus des ouvrages architecturaux typiques de la muraille, il y a également quantité de poèmes, chants, histoires et opéras locaux qui s'y rapportent. En outre, depuis sa construction, la Grande Muraille a été le témoin de nombreuses scènes héroïques. On y a livré des batailles illustres, et la perte de la Grande Muraille a souvent donné lieu à des renversements de dynasties. Ces batailles célèbres ont engendré bon nombre de personnages héroïques, tant sur le plan militaire que politique, ce qui a grandement enrichi la valeur culturelle de cette ancienne architecture. Aujourd'hui, les touristes du pays et de l'étranger sont encouragés à escalader la Grande Muraille par ces lignes : « Celui qui n'a pas escaladé la Grande Muraille n'est pas un homme véritable. »

Sites d'intérêt

Shanhaiguan. C'est le point final de la Grande Muraille à l'est, une forteresse stratégique des Ming située à 25 km de Qinhuangdao, province du Hebei. De tout temps, cet endroit a été un passage stratégique. Le mot Shanhai, qui signifie « montagne » et « mer » en chinois, vient de sa localisation : montagne derrière et mer, devant. La forteresse avait la réputation d'être un « passage de fer et un verrou doré de la Grande Muraille ». Du haut de Shanhaiguan, le panorama est splendide. La Grande Muraille s'étire des deux côtés, au sud jusque dans l'océan, endroit appelé couramment Laolongtou, et au nord, jusqu'à la colline de la Joie.

Tronçon de Niujijiao. Ce tronçon fait référence au troisième col du mont de la Corne, à huit kilomètres au nord-est de Shanhaiguan. En raison de l'altitude du mont et de la profondeur des vallées, ce tronçon semble agrippé sur la crête avant de redescendre dans la vallée et de remonter vers la cime opposée. On surnomme ce tronçon : la « Grande Muraille suspendue sens dessus dessous ». C'est une vue spectaculaire.

Tronçon de Huangyaguan. C'était une importante forteresse de la Grande Muraille septentrionale de la dynastie des Ming, au pied du mont Yanshan, à 20 km du district de Jixian, ville de Tianjin. Ce tronçon a été construit en 556. Autour de la passe, il y a des dizaines de tours de guet, et sur le mont, de nombreuses pagodes. À un kilomètre à l'extérieur de la passe, il y a une tour de guet ronde de 23 m de haut : la tour du Phénix. Le district de Jixian offre de bons services de transport vers la passe.

Tronçon de Simatai. Ce tronçon a quelque 5 km de long. L'entrée de la passe est réellement abrupte. À cet endroit, la muraille s'élargit ou se rétrécit selon la crête rocheuse en lame de rasoir. On y trouve non seulement une voie large pour chevaux, mais aussi les escaliers « échelle céleste » le long des crêtes abruptes. Sur une courte distance, le modèle de la muraille et des tours de guet varie beaucoup.

Tronçon de Gubeikou. C'est un tronçon situé dans le district de Miyun de Beijing. Sur le plan géologique, c'est un tronçon très dangereux, et il contrôle le passage important allant de Beijing aux plateaux frontaliers. Il relie deux monts pour en faire une défense puissante. De nombreuses batailles célèbres y ont eu lieu.

Tronçon de Badaling. Ce tronçon se classe parmi les « neuf forteresses sur Terre », et il est le premier passage crucial de la Grande Muraille. Il représente la quintessence de la Grande Muraille des Ming. Ce tronçon, dont le nom signifie « qui mène dans toutes les directions », est situé à 80 km de Beijing. Il était difficile à attaquer et très gardé. On peut encore y voir l'inscription ancienne « barrière naturelle ».

Tronçon de Jinshanling. Ce tronçon s'étire sur plus de 1 000 km, de Shanhaiguan jusqu'à l'ouest du district de Changping, Beijing. Il y a plusieurs tours de guet de formes variées (carrées, rondes, elliptiques ou en L) à cet endroit. On le surnomme le « deuxième Badaling ». Ce tronçon est situé à 4 km de l'autoroute Beijing-Chengde; il est donc facilement accessible.

Tronçon de Mutianyu. Ce tronçon a été bâti sur des crêtes montagneuses, à 20 km au nord-ouest du district de Huairou, Beijing. Il tire parti de la barrière naturelle du mont Jundu comme protection essentielle du nord de la capitale. Avec Juyongguan et la Cité pour garder les frontières, il forme un système de défense complet. Dans ce tronçon, les remparts ont de cinq à sept mètres de haut, et la voie pour les chevaux, quelque quatre mètres. Sur le dessus des murs, il y a des créneaux pour tirer, et les tours de guet sont près les unes des autres. On dit que ce tronçon est très caractéristique des structures de la Grande Muraille. C'est aussi un site touristique intéressant, car il est entouré de ruisseaux. On dit qu'on y trouve les plus belles scènes de la Grande Muraille.

Juyongguan. C'est une autre porte importante de la Grande Muraille, située à quelque 50 km au nord-ouest de Beijing. Cette passe est située entre de hautes montagnes dans une vallée de quelque 20 km. De tout temps, l'endroit a été un passage militaire incontournable. Gengis Khan y a combattu. À l'intérieur du portique d'entrée, on trouve des gravures de plus de 2 000 bouddhas, un chef-d'œuvre de la dynastie des Yuan. Cette passe fait partie des huit beaux sites de Beijing.

Pingxingguan. C'est le tronçon de la Grande Muraille intérieure des Ming, une forteresse importante au pied de la colline Pingxing, dans le nord-est de la province du Shanxi. Une ville est située à droite de l'entrée de la passe. Au nord et au sud, se dressent les monts Wutai et Hengshan. Cette passe relie la passe Yanmen dans l'ouest à la passe Zijing, dans l'est. Durant la guerre de Résistance contre l'agression japonaise, la Huitième Armée de route, dirigée par le PCC, y a attaqué l'armée japonaise en 1937 et a remporté une éclatante victoire.

Niangziguan. C'est la passe méridionale des trois passes intérieures de la Grande Muraille des Ming. Elle est située dans la province du Shanxi et forme une barrière naturelle des provinces du Shanxi et du Hebei. Le chemin de fer Shijiazhuang-Taiyuan passe tout près, et du train, on peut y voir des scènes étonnantes de tours et de cols.

Yanmenguan. C'était un passage stratégique durant les Ming, à l'entrée de la gorge Yanmen, province du Shanxi. Des monts et des monts entourent cette passe et une route menant vers la ville traverse une gorge périlleuse.

Jiayuguan. C'est l'extrémité ouest de la Grande Muraille. Cette passe est située à quelque 40 km de la ville de Jiuquan, dans le nord-ouest de la province du Gansu. Bâtie en 1375, on dit qu'elle est la « passe no 1 des prouesses sur Terre ». Sur le plan militaire, elle assurait la sécurité de la région à l'ouest du fleuve Jaune durant les Ming, et sur le plan architectural, elle est un jalon parmi les anciens bâtiments militaires encore intacts. Cette passe occupait une position qui était très difficile à assiéger, et elle a toujours été un passage stratégique. La route de la Soie y passait aussi. Cette passe est située à proximité du chemin de fer Lanzhou-Xinjiang et de l'autoroute. Il est donc facile de s'y rendre.

Muraille suspendue. Ce tronçon particulier est situé à 7,5 km au nord de Jiayuguan, à l'entrée de la gorge Shiguan, ville de Jiayu. Des sections sont aussi planes que le sol, alors qu'en d'autres endroits, elles sont abruptes comme des falaises. De plus, il y a 200 m de cette muraille qui ont été construits sur une crête de 150 m de haut, avec une pente de 45 degrés, d'où le nom de muraille suspendue.

Conseils pour la visite

Transport. Pour les tronçons situés près de Beijing, des autocars touristiques partent de Qianmen, Xuanwumen, de la gare de Beijing et de Dongdaqiao. Il est aussi possible de prendre le train de la gare de Beijing. Par l'autoroute, quarante minutes suffisent pour se rendre au tronçon de Badaling.