Danse du lion

La danse du lion, un des divertissements chinois les plus populaires, s'effectue souvent à l'occasion des fêtes.

L'animal est figuré en général par deux personnes drapées d'une fausse peau de lion. La première tient la tête du fauve et l'autre, par derrière, se penche en avant et tient son compagnon par la ceinture. Quand le lion entre en scène, un ou deux jeunes garçons ou filles tentent de séduire l'animal avec une balle brodée comme appât. Excité par cette offre, le lion saute et bondit, essai de saisir la balle dans ses énormes mâchoires et imite divers autres mouvements comme un vrai lion. Dans certains cas, un lionceau l'accompagne, représenté par un seul homme qui utilise ses bras comme pattes de devant, ses jambes comme pattes de derrière.

La danse du lion allie deux styles différents : l'élégance et la vigueur. Le premier exprime l'humour, l'esprit et la gaîté du fauve par des finesses dans la façon d'écouter, de souffler, de clignoter des yeux et de se gratter. Le second traduit la force et la combativité du roi des animaux.

Un autre type de la danse est celui du « lion actionné à la main. » Le corps de la bête se forme avec des cercles de bambou, et un ou deux danseurs l'animent au moyen d'un bâton soutenant la tête et un autre l'arrière-train. Le lion effectue des mouvements très vifs. Le troisième type, appelé « lion du banc », demande deux exécutants. Le corps du lion est constitué par un banc, doté de la tête sur l'un de ses bouts. Les deux joueurs tiennent chacun deux jambes du banc. Le fauve exécute des mouvements de bas en haut ou de haut en bas, des plus étonnants.

En Chine, la danse du lion varie selon la région. Par exemple, à Beijing (Pékin), on met l'accent sur les mouvements de la tête. Celle-ci pèse de 30 à 45 kilos et elle est tenue haut par le danseur qui fait des escalades ou joue dans une eau imaginaire. Ce type de danse était souvent représenté par des maçons avant la Libération en 1949.

Des dockers de la province du Hubei, sur le cours moyen du Yangtsé, exécutent un autre type de danse du lion, très magnifique, qui consiste à « passer sous des tables superposées. » Cinq tables sont placées l'une sur l'autre, et le lion passe sous elles une à une, de bas en haut. Au sommet, à plus de trois mètres du sol, il saute brusquement en bas, à la grande peur des spectateurs. Après un roulé-boulé sur la planche, il se relève et continue de danser.

Il existe encore un type de danse fort amusant, en Chine méridionale. Avant le commencement de la représentation, un des spectateurs accroche, en guise d'appât, un cadeau enveloppé dans un paquet rouge avec un bouquet de légumes au bout d'une perche de huit mètres. Dans des roulements de tambours et des battements de gong, la bête commence à grimper une échelle humaine jusqu'à la hauteur de l'appât, ouvre ses grandes mâchoires et l'avale au milieu des acclamations des spectateurs et dans un crépitement de pétards.

La danse du lion, symbole du bonheur et de l'audace en Chine, a une longue existence. Selon les archives, elle devint une représentation artistique dès les dynasties du Sud et du Nord ( 420 -589 ). Sous les Tang ( 618 - 907 ), elle fut très populaire, sa technique atteignant alors un niveau très élevé.

Après la naissance de la Chine nouvelle, du spectacle de rue, exécuté par des amateurs, la danse du lion est devenue une représentation de scène donnée par des professionnels. Des chorégraphes chevronnés l'ont améliorée et développée, en composant de beaux numéros. Ceux-ci atteignent une haute perfection technique tant dans la présentation et l'accompagnement musical que dans la mise en scène.

Un d'entre eux, « le passage d'un pont sur des boules », est inscrit au répertoire de la Troupe acrobatique de Beijing. Deux lions se tiennent debout chacun sur une sphère de bois et font rouler doucement leurs boules, d'un bout à l'autre, sur une planche basculante d'un tiers de mètre de large. Une jeune fille, debout sur le dos de la première bête, laisse pendre comme appât une balle colorée pour séduire la seconde qui se dresse sur les pattes de derrière.

La « Danse sur un câble » est un numéro mis au point par la Troupe acrobatique du Hunan (Chine centrale). Il comporte deux lions, un grand figuré par deux danseurs et un petit par un seul. Chaque fauve marche sur une corde liée à un bout à une chaise à sept mètres du sol. Montant sur la chaise, les animaux y tournent en rond avec une grâce comique.

Des virtuoses savent maîtriser des mouvements difficiles comme sauts périlleux et exercices sur une structure à multiples poteaux de bois. Jouant sur cette charpente, le lion se livre à des mimiques expressives qui traduisent sa joie, sa colère, sa méditation etc. (par Luo Qifan)